Moreno Gallo, homme qualifié d'acteur important de la mafia, a été replacé en détention la semaine dernière, après la révocation de sa libération conditionnelle, a appris La Presse.

En mai dernier, Gallo avait obtenu une pleine libération conditionnelle pour un meurtre qu'il a commis en 1973. Malgré cela, la libération était assortie de plusieurs conditions. Il devait divulguer régulièrement l'origine de ses revenus, éviter les bars et les cafés italiens et, surtout, n'avoir aucun contact avec un criminel ou un membre d'une organisation criminelle.

Il a été impossible de savoir laquelle de ces conditions il a violée. Serge Abergel, porte-parole du Service correctionnel canadien, a refusé de confirmer son arrestation.

«En raison des restrictions relatives à la protection des renseignements personnels, le Service correctionnel ne peut discuter des détails précis concernant un délinquant en particulier», a-t-il dit.

Âgé de 66 ans, Gallo est une figure connue de la mafia montréalaise. Il prétend avoir coupé tous ses liens avec les criminels, mais la police soutient qu'il joue un rôle important, notamment pour arbitrer les conflits.

Expulsion

En mai 2010, la Commission de l'immigration et du statut de réfugié a décidé qu'il devait être expulsé dans son Italie natale, même s'il a vécu au Canada pendant plus de 50 ans. Gallo a porté la décision en appel.

Il a immigré au Canada avec sa famille à l'âge de 9 ans. Jeune adulte, il s'est placé sous la direction de Paolo Violi et de Vic Cotroni, tous deux d'origine calabraise comme lui. En 1973, Violi lui a demandé d'assassiner un trafiquant de drogue qui travaillait pour le gang des frères Dubois, de Saint-Henri. Gallo et son complice, Tony Vanelli, ont été arrêtés quelques minutes après le meurtre.

Il a obtenu une libération conditionnelle totale en 1983. Mais en 2005, au cours de l'opération Colisée, les agents de la GRC l'ont vu entrer au Consenza, quartier général de la mafia à Saint-Léonard. Il remettait alors des liasses d'argent aux dirigeants mafieux.

Sa libération conditionnelle a été révoquée. Il a de nouveau été jeté en prison. Alors qu'il s'apprêtait à recouvrer sa liberté, en avril 2010, l'Agence des services frontaliers l'a arrêté de nouveau et a transmis son dossier à la Commission de l'immigration et du statut de réfugié.

Les autorités avaient en effet découvert qu'il n'avait jamais obtenu la citoyenneté canadienne. Résultat: il pouvait être renvoyé en Italie. Il a été confiné à une maison de transition pendant six mois, puis, en octobre 2010, il a obtenu la permission de dormir cinq nuits par semaine chez lui, avec sa femme et sa fille, et de passer seulement deux nuits en maison de transition.

Le 25 mai dernier, la Commission de libération conditionnelle a décidé qu'il pouvait jouir d'une liberté totale (mais toujours sous condition). Elle lui a même donné le droit de posséder un téléphone cellulaire. Ces permissions ont pris fin brutalement la semaine dernière.

La mafia traverse actuellement une période turbulente. Un autre caïd, Raynald Desjardins, a été victime d'une tentative de meurtre en octobre. Un mois plus tard, Lorenzo Lopresti s'est fait tuer chez lui. Puis, il y a deux semaines, Salvatore Montagna, ancien chef suppléant de la famille Bonanno de New York, a été tué en banlieue de Montréal. D'autres coups de force sont à prévoir.