Quand il s'agit de voler un iPhone, c'est surtout dans les transports en commun que ça se passe, dit l'inspecteur Alain Larivière, responsable de la section métro au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).

«On a remarqué, depuis quatre ans, une recrudescence de ces vols dans le métro, alors que la criminalité y est en baisse. C'est le seul crime à la hausse dans le métro, tant pour les vols simples, sans violence, que pour les vols qualifiés, avec violence.»

Il y a quatre ans, le SPVM a évoqué de façon générique des vols d'«appareils électroniques». Mais, note l'inspecteur Larivière, «les vols d'iPhone constituent la majorité de ces vols». Depuis un an, les tablettes iPad sont de plus en plus ciblées.

La plupart des vols qualifiés dans le métro impliquent le précieux bidule d'Apple, qui vaut souvent, neuf, quelques centaines de dollars. En 2008, 124 vols qualifiés ont eu lieu dans le métro. En 2009: 176; en 2010: 211; en 2011, le SPVM a recueilli 219 plaintes.

Lueur d'espoir: en juin, le SPVM a arrêté un petit gang soupçonné d'avoir commis des dizaines de vols d'iPhone dans les transports publics. Sept individus, dont dix mineurs, ont été arrêtés. «Depuis, il y a une baisse de 32% des vols qualifiés rapportés. Je ne crie pas victoire. Ça reste une priorité pour nous.»

Violence

Selon la police, les agressions comme celle dont Gregory Paquet a été victime sont rares. Généralement, les agresseurs, qui agissent en groupe dans les voitures de métro ou dans les autobus, tentent de «convaincre» leur victime de leur donner leur iPhone.

«Ils encerclent les victimes, ce qui est intimidant. On parle d'appareils à 500, 600$. Il y a des gens qui sont prêts à user de violence pour ça. Le week-end dernier, j'ai eu un cas: une victime a réussi à rattraper ses deux agresseurs. Elle s'est fait asperger de gaz poivre par eux.»

Simon Quesnel-Boulay, producteur en humour, a été témoin d'un vol d'iPhone par un petit gang de voyous, dans le métro, en mars dernier. Une jeune femme s'était fait dérober son téléphone lorsqu'elle était assise dans le wagon. Sans violence.

«Mais elle a suivi ses deux voleurs sur le quai, elle a réussi à mettre la main sur son iPhone. Mais ils ont commencé à la frapper! Ç'a été plus fort que moi: je suis sorti pour aller lui prêter main-forte.»

Sans crier gare, d'autres crapules sont sorties du wagon pour aider les deux jeunes crottés. «Je me suis fait encercler par sept ou huit gars, tous jeunes, tous noirs.»

Agresseurs et victimes sont remontés dans le wagon, relate Simon Quesnel-Boyer. Il a eu la présence d'esprit d'appuyer sur le bouton panique, pour communiquer avec l'opérateur de la rame. La police, dit-il, est arrivée au métro Sherbrooke pour faire des arrestations.

Éviter d'être dans sa bulle...

Alain Larivière explique que les crimes dans le métro «ont un bon taux de résolution», tout en invitant les victimes à porter plainte, quand elles se font voler: «C'est une bonne façon de nous aider.»

Le policier insiste pour relativiser la «vague» de vols d'iPhone: il y a 800 000 passagers par jour dans le métro, dit-il. Les risques d'être volé, et agressé, sont minces. Il invite les Montréalais à être prudents. La meilleure défense, à défaut de ne pas montrer le joyau d'Apple, c'est de ne pas «être dans sa bulle lorsqu'on est en public avec son iPhone».

Ce qui est, convient Alain Larivière, antinomique...

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LE RÔLE DE KIJIJI



Disons que vous voyez, sur le site de petites annonces Kijiji, une offre irrésistible: un iPhone pour 200$. Selon le journaliste Michel Dumais, spécialisé dans les nouvelles technologies, la personne qui appelle est bien souvent, malgré elle, en train de «passer une commande» pour que quelqu'un, quelque part, vole un iPhone...

Alain Larivière, de la police de Montréal, confirme: «Les gens qui achètent des appareils peu dispendieux, il y a des chances qu'ils encouragent ces vols.»

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UNE APPLICATION «JUSTICIÈRE»

L'application s'appelle iGotYa!. Traduction libre: Je t'ai eu! Elle offre deux services qui peuvent aider à traquer un salopard qui volerait votre précieux iPhone ou iPad.

Primo, si quelqu'un tente d'entrer un mot de passe erroné pour avoir accès à votre appareil, celui-ci croque instantanément une photo du «suspect». Deuzio, le cas échéant, l'application note les coordonnées GPS du lieu où on a tenté d'entrer dans votre iPhone.

Et ces deux renseignements précieux vous sont expédiés par courriel!

Le service MobileMe, d'Apple, offre à ses abonnés le service de géolocalisation pour les appareils perdus. Mais pas la photo à la dérobée d'un suspect.

«Une victime de vol nous est déjà arrivée avec les coordonnées géographiques de son appareil, grâce à MobileMe, confie l'agent Alain Larivière, du SPVM. Ça nous a menés à un immeuble de 25 logements: impossible de trouver le suspect. Mais tout nous aide, dans une enquête. Nous tentons de sensibiliser les entreprises qui vendent des iPhone à l'importance de faire la promotion de ces services, comme MobileMe et iGotYa!.»