«C'est un crime extrêmement odieux, grave et inexpliqué. Totalement inexpliqué.» C'est ainsi que le juge Jean-Pierre Braun, visiblement ébranlé, a résumé hier les gestes reprochés à Cédric Champoux-Martin, 22 ans, accusé d'avoir foncé en voiture sur deux adolescents coincés dans une ruelle.

Les faits remontent au 26 septembre. Peu après 16h, l'accusé croit apercevoir deux ados qui tentent de commettre un vol dans un véhicule.

Cédric Champoux-Martin n'a pas de permis de conduire. Mais son ami de coeur, un homme beaucoup plus âgé que lui, possède une voiture. Selon ce qu'il a raconté aux enquêteurs, il aurait convaincu ce dernier de le laisser prendre le volant, dans le but de donner une bonne frousse aux jeunes.

Des témoins ont raconté qu'il aurait repéré les adolescents de 13 ans et 15 ans dans une ruelle, près des rues Lacordaire et de Toulouse, dans l'arrondissement de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve.

Puis, «il fonce à toute allure dans la ruelle où sont les enfants», a relaté le juge Braun jeudi.

L'ado de 13 ans a réussi à esquiver la voiture. Son compagnon a été percuté de plein fouet, coincé contre une clôture. L'impact a été si violent qu'une partie du pare-chocs s'est arrachée, selon l'enquête policière.

Plus de sept semaines après les faits, la jeune victime est encore hospitalisée à l'hôpital Sainte-Justine et tente de se remettre de ses blessures.

Kevin Champoux-Martin est accusé de tentative de meurtre, voies de fait graves, conduite dangereuse et délit de fuite.

Le juge Braun a refusé de mettre l'accusé en liberté dans l'attente de son procès jeudi, même s'il se dit conscient que sa «situation personnelle» rend sa détention «plus difficile que celle de toute autre personne».

C'est que le frêle accusé aux longs cheveux peroxydés est de toute évidence perturbé. Il a subi plusieurs thérapies, dont une qui l'a aidé à vaincre sa dépendance à «la grosse drogue», a-t-il dit jeudi. Les spécialistes qui suivent son dossier lui ont offert de suivre un nouveau programme à Sherbrooke, mais il a expliqué candidement à la cour qu'il ne veut pas y aller parce que «Sherbrooke, c'est vraiment loin».

Pour sa sécurité et son bien-être, il se trouve à l'infirmerie de la prison de Rivière-des-Prairies. Les autorités ne le mêlent pas à la population carcérale. À l'infirmerie, il ne bénéficie pas de tous les services réguliers offerts dans l'établissement.

Son conjoint, qui assure que «sa délinquance est finie», a affirmé lors d'un bref entretien avec La Presse que le jeune homme ne consomme plus de drogue et que c'est accidentellement qu'il a heurté l'adolescent en voulant l'effrayer.

Aucune date n'est fixée pour le début du procès.