Le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP), Me Louis Dionne, a été nommé juge à la Cour du Québec, hier. Il siégera à la chambre criminelle du district de Québec. La nomination, entérinée mercredi par le Conseil des ministres, risque d'avoir un impact sur le cheminement des nombreux dossiers confiés par la police au DPCP.

De sources policières, plusieurs enquêtes touchant l'industrie de la construction attendent depuis un bon moment l'imprimatur du DPCP pour déboucher sur des accusations.

Jeudi, en point de presse, le ministre de la Justice, Jean-Marc Fournier, a loué les compétences du nouveau magistrat, mais n'a pu préciser quand il serait remplacé au poste névralgique de directeur des poursuites criminelles et pénales. La loi prévoit qu'un comité présidé par le sous-ministre de la Justice sélectionnera les candidats. On peut penser qu'un délai de quelques mois sera nécessaire pour nommer le remplaçant, a-t-on appris. Comme la loi le prescrit, Me Alain Perreault, directeur adjoint au DPCP, occupera les fonctions de Louis Dionne de façon intérimaire.

La nomination de MeDionne a, semble-t-il, surpris M.Fournier, qui en a pris connaissance mercredi. «C'est lui-même qui a fait sa demande. Moi, je n'étais pas au courant. C'est à lui de faire son choix. Quand j'ai vu cette recommandation, je ne me suis pas posé beaucoup, beaucoup, beaucoup de questions sur ses compétences, parce que je le connais», a dit M. Fournier.

Selon la péquiste Véronique Hivon, «il faut se questionner sur les conséquences que cette nomination-là va avoir sur la bonne marche des dossiers qui, on le sait, sont nombreux à être sur le bureau ou étaient sur le bureau de Me Dionne». Les dossiers de «l'UPAC, qui sont liés à la corruption et pour lesquels on nous annonce toujours des résultats imminents qui ne viennent jamais. Il y a de quoi s'inquiéter pour la suite des choses avec la nomination d'aujourd'hui», a dit la députée de Joliette.

«On n'arrête pas de nous dire, dans les réponses qu'on entend, même de la part du gouvernement, que les choses procèdent, que des choses sont rendues sur le bureau du directeur des poursuites criminelles et pénales. Or, le directeur des poursuites criminelles et pénales n'est plus en poste parce qu'il est nommé juge. Donc, oui, c'est une source d'inquiétude», a résumé Mme Hivon.

Selon Mme Hivon, Me Dionne a connu son Waterloo avec la grève des procureurs au début de l'année. «Le rôle qu'il a joué dans le conflit avec les procureurs de la Couronne ne m'est pas apparu adéquat. J'estime qu'à titre de patron des procureurs, il a eu plus que son lot de problèmes. Quand tout notre personnel demande notre démission, c'est certain que ce n'est pas un geste de grande confiance», a soutenu Mme Hivon. Me Dionne était, a-t-elle insisté, «dans une position très inconfortable» depuis le conflit de travail entre le gouvernement et ses procureurs.

Au bureau du Directeur des poursuites, le porte-parole, Me René Verret, a soutenu que le départ n'aurait pas d'impact sur le cheminement des dossiers.