Deux voitures stationnées devant le domicile d'un ex-avocat soupçonné d'être au coeur d'une fraude de plusieurs millions de dollars ont été incendiées ce week-end à Hampstead, dans l'ouest de Montréal.

Les véhicules, qui étaient garés dans l'entrée d'une maison cossue de la rue Fallbrooke dotée d'une caméra de surveillance, ont pris feu vers 1 h 30 dans la nuit de samedi à dimanche.

Selon nos informations, il s'agit du domicile de Dany Perras, un ex-avocat qui a été associé au cabinet Kaufman Laramée durant six mois.

Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a refusé de confirmer que l'attentat ciblait effectivement M. Perras. « Ce n'est pas un crime à tout hasard », a toutefois indiqué Anie Lemieux, porte-parole au SPVM. « Et ce n'est pas lié aux autres événements récents qui ciblaient des avocats », a-t-elle ajouté en faisant notamment référence à l'agression sauvage de l'avocat des Hells Angels Gilles Doré la semaine dernière à Outremont.

L'enquête a été confiée à la section des incendies criminels. L'un des deux véhicules a été saisi pour expertise.

Scandale financier

Jeudi dernier, une requête en faillite a été déposée en Cour supérieure contre M. Perras. La procédure a été entamée par deux clients prêteurs de M. Perras qui auraient perdu de l'argent dans un stratagème qui s'apparenterait à une pyramide de Ponzi.

En tout , une quinzaine de victimes pourraient avoir perdu de 5 à 10 millions de dollars. Si elle est accordée, la requête permettra au syndic Litwin Boyadjian de faire enquête pour déterminer le parcours des fonds des victimes.

Démission du Barreau

Début novembre, La Presse révélait par ailleurs qu'une des familles présumément victime de M. Perras était parvenue, le 19 octobre, a faire saisir avant jugement un compte de banque lui appartenant ainsi que 50 % de sa résidence de Hampstead dont il est propriétaire.

Le même jour, M. Perras a démissionné du Barreau du Québec. L'avocat représentant le cabinet Kaufman Laramée a expliqué que, durant sa période d'embauche, Perras a effectué des transactions non autorisées dans le compte en fidéicommis de la firme.

Onde de choc

L'affaire a provoqué une onde de choc dans le quartier huppé de l'ouest de la ville. Une voisine a raconté que les flammes étaient si élevées qu'elles atteignaient le toit de la résidence de deux étages. La fumée aurait été si épaisse qu'elle n'a pu se rendre à la porte de la maison pour prévenir ses voisins.

Une résidente du secteur a également raconté à La Presse sous le couvert de l'anonymat que le couple avait aménagé il y a deux ou trois ans et que des rénovations majeures avaient été effectuées sur la maison durant des mois.

Un autre homme du quartier, qui affirme bien connaître M. Perras , s'est dit «stupéfait» d'apprendre l'affaire à laquelle son ami serait lié. «C'est l'une des personnes les plus aimables que je connais. Je lui aurais fait confiance avec n'importe quoi.»