Un adolescent qui se faisait passer pour un mafieux afin d'obtenir les faveurs sexuelles de quatre de ses amies a reçu hier une peine d'un an de détention dans un centre de jeunesse et à 12 mois de probation. Une peine «sévère», mais juste et appropriée pour cette histoire hors du commun, selon le juge Denis Asselin, de la Cour du Québec.

À l'énoncé de la peine, l'imposant jeune homme de 17 ans, fils de bonne famille, a gardé la tête basse. Dans la salle de la chambre de la jeunesse, ses parents, qui craignaient qu'un placement en détention ne transforme leur fils en «décrocheur scolaire», se sont effondrés: la défense espérait une peine à purger dans la communauté.

C'est que depuis deux ans, le jeune homme, soumis à un strict contrôle familial, est privé de cellulaire et d'ordinateur. Inscrit dans un cégep privé, il se sent «comme en prison», et ce, même s'il a pu voyager à l'étranger au cours des derniers mois pour des vacances en famille ou pour un tournoi de hockey. Bref, il estime avoir payé sa dette.

Cette certitude a été sévèrement réfutée par le juge. «L'adolescent n'est pas pleinement conscient des dommages graves qu'il a causés non seulement aux victimes, mais aussi à la collectivité. Une peine de placement sous garde s'avère nécessaire pour l'amener à les reconnaître», explique-t-il dans sa décision.

Le juge a également qualifié l'agression sexuelle avec violence d'infraction grave, comme le recommandait la Couronne. En entendant la décision, les parents des victimes ont échangé des sourires et laissé échappé quelques soupirs de soulagement.

L'histoire, enracinée dans un milieu huppé de Montréal, n'est pas commune. Pendant plusieurs années, l'agresseur a fait croire à quatre de ses camarades d'un collège privé qu'il appartenait à la mafia. Un mensonge presque sans conséquence, jusqu'à l'été 2009. Il a alors 15 ans, et prétend que ses jours sont en danger. Seules les faveurs de ses amies, elles aussi âgées de 15 ans, peuvent lui sauver la peau.

Il met en place un plan «machiavélique» et parvient, par ses mensonges et ses menaces, à extorquer aux jeunes filles des baisers et des photos pornographiques. Il tourne même deux vidéos pornos avec l'une d'entre elles, Jessica*, alors âgée de 15 ans.

Le stratagème cesse quand le père de Jessica découvre une partie de l'histoire. Mais ce n'est qu'à la rentrée que Jessica révèle à la direction de son école, puis à la police, l'ampleur des agressions subies avec ses amies. Elle reste traumatisée, tout comme ses amies.

Mais l'adolescent, longtemps cantonné malgré lui au rôle du bon copain auprès des quatre filles, a conservé un bon souvenir de son expérience sexuelle avec Jessica, qui l'a fait passer de «loser» à «super hot», dit le juge. Il ne perçoit pas l'étendue du mal qu'il a infligé à des jeunes filles crédules, naïves, qui lui accordaient leur confiance. Après une thérapie de quelques mois, il estime, et ses parents aussi, qu'il n'a plus besoin d'aide.

«C'est donc dire que l'adolescent ne se responsabilise toujours pas et ce, malgré une opération policière d'envergure, son arrestation, sa comparution pour répondre à 16 chefs d'accusation tous punissables de 10 ans d'emprisonnement pour un adulte», estime le juge Asselin.

Le jeune homme devra donc passer 12 mois en détention, dont 8 mois dans un centre de détention. Il sera ensuite soumis à une période de probation de 12 mois.

*L'identité des victimes et de l'agresseur est frappée d'un interdit de publication.