Patrick Cowan, présumé auteur d'une agression sauvage commise contre trois adolescentes dans l'arrondissement de Verdun, est si dangereux qu'il est détenu dans le secteur «de protection» de la prison, isolé des autres 24 heures sur 24.

C'est ce que l'accusé de 37 ans a lui-même révélé, mardi, au moment où il tentait de convaincre la juge Manon Ouimet de lui permettre de recouvrer sa liberté d'ici au procès. La magistrate a refusé de le libérer justement en raison de sa dangerosité.

Contre-interrogé par la poursuite, l'accusé a admis devenir violent et «perdre la carte» lorsqu'il consomme des drogues et de l'alcool. L'été dernier, il a été hospitalisé à trois reprises à la suite d'épisodes violents. Un médecin lui a même prescrit des médicaments pour son «hyperagressivité», a témoigné l'accusé. Il ne s'était toutefois pas encore procuré son ordonnance lorsque l'agression est survenue, le 27 août dernier.

Odeur d'ordures

Ce soir-là, vers 19h, trois adolescentes partageaient une bière grand format, assises en bordure du fleuve Saint-Laurent, dans l'arrondissement de Verdun, lorsque l'accusé s'est approché d'elles avec un chien. Ivre, dégageant une odeur d'ordures - l'homme est éboueur -, Cowan leur aurait alors demandé de l'aider à rouler un joint. L'une des adolescentes s'est exécutée. Ils ont parlé un peu, puis l'accusé est reparti.

Cowan serait revenu un peu avant 20h, furieux, les accusant de lui avoir volé 5$. Effrayées, les jeunes filles ont tenté de fuir. Or, il en aurait rattrapé une avant de la lancer sur les roches au bord de l'eau. Une autre se serait précipitée à l'eau d'elle-même pour éviter qu'il la rattrape. La troisième aurait eu moins de chance. Il l'aurait clouée au sol, puis lui aurait mis le genou au visage. «Je vais te tuer», aurait-il dit, tout en lui prenant un sein.

L'accusé aurait ensuite pris la fuite avant que la police n'arrive, alertée par les deux autres adolescentes. Les policiers se souvenaient d'avoir intercepté dans les semaines précédentes un éboueur agressif et intoxiqué qui vivait dans le secteur. Ils ont montré des photos de lui aux adolescentes qui ont reconnu leur présumé agresseur.

Thérapie

L'accusé est inculpé de voies de fait, de menace de mort, d'agression sexuelle et de séquestration. Mardi, il a demandé à être libéré sous cautionnement pour entreprendre une thérapie dans un centre fermé. Il veut régler son problème de toxicomanie qui perdure depuis l'adolescence.

Or, l'an dernier, l'accusé a abandonné après deux semaines une thérapie similaire de six mois qui lui avait été ordonnée par un tribunal, a fait valoir la procureure de la Couronne, Me Rachelle Pitre.

Cowan n'est pas un prédateur sexuel qui s'en est pris à des mineures, mais bien un toxicomane qui ne se maîtrise pas lorsqu'il est intoxiqué, a plaidé pour sa part son avocate, Me Elfride Duclervil.

La juge Ouimet était plutôt d'accord avec cette vision de la cause. Toutefois, «la maison de thérapie n'est pas un centre de détention. Les gens peuvent la quitter à tout moment. La société ne peut pas assumer ce risque-là», a tranché la juge. Cowan, qui a des antécédents judiciaires de voies de fait, de menace et de vol, retourne devant la cour le 15 novembre pour la suite du processus judiciaire.