Dans une décision très partagée, la Cour d'appel vient d'ordonner qu'une jeune Sri Lankaise, condamnée en février 2007 pour le meurtre de sa belle-soeur, ait un nouveau procès.

Des instructions différentes en droit, notamment l'ouverture d'une défense de provocation, auraient pu amener le jury à déclarer l'accusée, Suganthini Mayuran, coupable d'homicide involontaire, plutôt que de meurtre au deuxième degré, estiment deux des juges qui siégeaient en appel, Nicole Duval Hesler et Marc Beauregard. Le troisième juge, André Rochon, aurait laissé les choses telles quelles, car à son avis, cette défense n'avait aucune chance de réussir. D'abord, parce que cette théorie n'a même pas été évoquée par la défense lors du procès. De fait, l'accusée niait être l'auteure du crime. Ce n'est que dans l'exposé d'appel que la défense de provocation a été évoquée. Mais voilà, le juge estime que la provocation alléguée n'était pas de nature à priver quelqu'un de sa contenance.

L'accusée et la victime, Dayani Manchutan, avaient toutes deux 21 ans lors du drame, qui s'est produit le matin du 4 décembre 2004. Mme Mayuran, qui n'était au pays que depuis quatre mois, a poignardé Mme Manchutan à 45 reprises, dans l'appartement de l'avenue De L'Épée, dans Parc-Extension, où elles vivaient avec leurs maris respectifs (des jumeaux), les parents et la soeur de ces derniers. La provocation viendrait du fait que la victime, qui était enceinte de trois mois, se serait moquée de l'accusée en disant qu'elle était plus instruite qu'elle. Au départ, l'accusée avait soutenu qu'un voleur avait commis le crime. Elle a ensuite changé sa version et accusé un des jumeaux. Mais toutes les preuves pointaient en direction de l'accusée, qui était seule avec la victime dans l'appartement au moment du drame. Les deux jeunes femmes avaient épousé les jumeaux dans le cadre de mariages arrangés par leurs parents.

Au terme du procès, le jury avait déclaré l'accusée coupable de meurtre au deuxième degré, et la juge France Charbonneau lui avait imposé la peine minimale à purger, soit 10 ans.