Abdellah Ouzghar, membre de la défunte «cellule islamiste» de Montréal éradiquée au printemps 2001, est de retour au pays après avoir purgé une peine de prison en France pour terrorisme, a appris La Presse. Son cas avait suscité une controverse entre la France et le Canada.

M. Ouzghar, informaticien, a été condamné en décembre 2009 à Paris à une peine de quatre ans de prison et interdit de séjour sur le sol français après avoir été reconnu coupable de «participation à une association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste et de complicité de détention de faux documents administratifs (passeports)».

Ce vétéran de la guerre en Bosnie, où il assure avoir oeuvré pour le compte d'un organisme humanitaire saoudien, a été extradé vers la France en juin 2009 à l'issue d'une longue bataille judiciaire qui avait débuté huit ans plus tôt. Bataille qui avait créé une certaine tension entre la France et le Canada, ce dernier accusé de naïveté et de laxisme.

Le 6 avril 2001, le Tribunal de grande instance de Paris l'a condamné une première fois en son absence à une peine de cinq ans de prison en vertu des mêmes accusations à l'issue d'un superprocès d'une vingtaine de membres du «gang de Roubaix» et de la «cellule de Montréal».

Ce réseau, présenté par Paris comme faisant partie de la mouvance islamiste radicale, a été démantelé à la suite d'une enquête des juges antiterroristes et des policiers de la DST française. L'enquête s'était aussi déroulée à Montréal ainsi qu'à Hamilton, en Ontario, où Ouzghar avait déménagé. Les policiers avaient perquisitionné à son domicile en octobre 1999 et plusieurs articles avaient été saisis, en particulier un petit agenda contenant les coordonnées d'individus qualifiés par les Français «d'activistes islamistes du jihad international».

Il avait aussi été interrogé le même jour en tant que témoin par les enquêteurs français.

Dispute France-Canada

Dans un compte rendu de cette audition datée du 4 juillet 2000, les policiers déplorent la «mauvaise foi évidente» d'Ouzghar et le fait qu'il n'aurait «eu de cesse d'invoquer son droit canadien de ne pas répondre à telles ou telles questions embarrassantes» en plus de «faire devant la Cour l'apologie du Djihad».

Ouzghar a finalement été arrêté en octobre 2001 par la GRC, en vertu d'un mandat d'extradition délivré par la France, puis relâché rapidement.

Il a alors engagé un long combat judiciaire qui s'est achevé lorsque la Cour suprême a refusé d'entendre sa cause.

Toutefois, en 2007, la Cour de l'Ontario, qui avait approuvé son extradition, a estimé que la preuve d'appartenance à un groupe terroriste présentée par les Français n'était pas assez convaincante.

Dans un discours prononcé la même année à Paris, le président Nicolas Sarkozy a qualifié le cas d'Ouzghar de «scandale», et comme un exemple d'enquête «ralentie par une entraide pénale internationale insuffisante».

Abdellah Ouzghar nous a fait savoir par l'intermédiaire de ses avocats parisiens qu'il ne «souhaitait pas communiquer directement ou indirectement» avec les médias et qu'il «s'opposait à toute transmission de pièces relatives à son dossier».

Me John Norris, avocat d'Ouzghar au Canada, n'a pas souhaité non plus faire de commentaires.