Les employés du ministère des Ressources naturelles et de la Faune (MRNF) qui travaillent dans des zones isolées sont fréquemment la cible de voleurs. Des malfaiteurs ont ainsi pu mettre la main sur un pistolet, des munitions et un insigne d'agent de conservation de la faune, a appris La Presse.

Depuis 2004, les employés du ministère des Ressources naturelles se sont fait dérober pour 415 000$ de matériel, selon des documents obtenus en vertu de la Loi sur l'accès à l'information. Camions, motoneiges, VTT, ordinateurs portables, essence: la liste des équipements volés est longue.

Un incident survenu en août 2010 est particulièrement troublant. En plus de trois ordinateurs, d'un projecteur et d'un téléviseur, un voleur s'est emparé d'un pistolet Glock ainsi que de l'insigne et de la carte d'identité d'un sergent basé à Saint-Jérôme. L'agent n'a pas été sanctionné puisqu'il avait rangé son arme dans un coffret de sécurité, que le voleur a emporté.

Le pistolet a été retrouvé quelque temps plus tard, lors d'une opération de la Gendarmerie royale du Canada, indique le MRNF. Il a toutefois été impossible de savoir dans quelles circonstances et dans quelle province elle a été récupérée.

Il y a une vingtaine d'années, un voleur avait dérobé les pistolets des six agents postés à Sainte-Agathe-des-Monts, bureau aujourd'hui fermé. «Nos bureaux sont souvent isolés à la sortie des villages et les gens du crime organisé savent qu'il y a des armes de poing», explique le président du Syndicat des agents de conservation de la faune, Paul Legault.

Système d'alarme

Le MRNF dit avoir resserré ses règles de sécurité depuis quelques années. Quand vient le temps d'ouvrir un bureau, le Ministère demande qu'il y ait un enclos pour protéger les véhicules et un système d'alarme relié à une centrale. Mais avec 150 points de service dans la province, souvent dans des coins reculés, plusieurs bureaux ne répondent toujours pas à ces normes de sécurité.

Ainsi, c'est seulement après le vol du pistolet en août 2010 que le bureau de Saint-Jérôme a été muni d'un système d'alarme. Les documents obtenus par La Presse indiquent également que la caméra de surveillance de l'endroit était défectueuse lors du vol.

Dans au moins un autre incident, des agents de la Faune se sont fait dérober des munitions pour leur arme de service. En juin 2007, des voleurs se sont introduits dans le bureau d'Inukjuak, village de 1700 habitants dans le Nord-du-Québec, et ont pris la moitié d'une boîte de balles de 9 mm. Ce n'était pas la première fois que l'endroit était dévalisé. Quelques mois auparavant, des voleurs étaient repartis avec des bonbonnes de gaz poivre.

Agents dépassés

Le vol ne semblait pas être le seul mobile des malfaiteurs puisqu'ils ont fouillé dans les dossiers d'enquête des agents de la Faune.

Les vols sont si nombreux dans certains secteurs que les agents manifestent ouvertement leur exaspération. «On ne sait plus quoi faire», a écrit dans un rapport d'incident un fonctionnaire de Kuujjuarapik, dans le Nord-du-Québec. Malgré ses précautions, il venait de se faire voler une motoneige d'une valeur de 12 000$. Pourtant, les mesures de sécurité avaient été renforcées après le vol de deux VTT trois mois plus tôt.

Plusieurs vols semblent toutefois dus à la négligence des employés du Ministère. En avril 2008, deux VTT ont été volés au bureau de Shawinigan. Selon le rapport d'incident, les employés avaient oublié de verrouiller la clôture du stationnement. En avril 2005, un autre employé s'est fait dérober pour 700$ d'équipement de communication dans son véhicule, qu'il avait omis de verrouiller.

Le Ministère se fait aussi fréquemment voler de l'essence. Ainsi, deux employés de Baie-Comeau ont découvert en faisant le plein que leurs réservoirs coulaient. En y regardant de plus près, ils ont constaté que ceux-ci avaient été percés. Au-delà de l'essence volée, d'une valeur de 80$, le remplacement des deux réservoirs a coûté 2500$.