La tension demeurait vive hier, à Saint-Michel, où la police a augmenté ses effectifs par crainte de représailles après le meurtre d'un membre de gang très populaire.

C'est la mort de Jephté Rénélique, 24 ans, qui a mis le feu aux poudres dimanche. La police l'associait aux gangs de la famille des Bleus (Crips), plus précisément celui de la 15e Avenue, ainsi qu'à Ducarme Joseph, décrit en cour comme l'un des gangsters les plus dangereux de Montréal.

«Il semble que ce soit un conflit entre deux personnes plutôt qu'entre deux groupes», souligne toutefois le commandant du poste de quartier 30, Vincent Richer.

Poignardé à plusieurs reprises devant le parc Jean-Rivard, à l'angle de la 7e Avenue et de la rue Jean-Rivard, Rénélique était armé d'un marteau et pourrait avoir été l'instigateur de la bagarre, selon nos sources.

Les policiers craignent maintenant des représailles à la suite de la mort du jeune homme, qui était en attente de procès pour une fusillade survenue au Quartier DIX30 l'an dernier.

Sa mort a créé une onde de choc à Saint-Michel. Une source qui travaille auprès des jeunes du quartier a expliqué que la plupart d'entre eux connaissaient la victime, personnellement ou par personne interposée.

Rénélique, dit J-Light, était le cousin de Whoody Aristilde, membre des Bleus, qui a fait les manchettes l'an dernier pour le meurtre d'un rival à Saint-Léonard. Il était aussi le frère de Marc Daniel Rénélique, joueur de basketball professionnel qui fait carrière aux États-Unis.

Populaire

Sa popularité est évidente sur les réseaux sociaux, où se sont multipliés les messages de sympathie. Au moment d'écrire ces lignes, plus de 160 internautes s'étaient manifestés sur la page «Repose en paix J-Light».

Plusieurs jeunes sont revenus sur les lieux du drame en fin de journée lundi. Les structures de béton à l'entrée du parc y sont toutes marquées des lettres «Gz» (abréviation de «gangsters»), tracées en grosses lettres à la peinture bleue. Des fleurs et une vingtaine de bouteilles d'alcool (principalement des marques à l'étiquette bleue) ont été déposées dans la rue.

Des bagarres et des coups de feu ont ensuite éclaté un peu plus loin. Ces incidents ne seraient pas liés au meurtre, mais plusieurs craignent toutefois que le drame de dimanche n'engendre de nouvelles violences.

«Il va rester des rancunes. Le danger, c'est qu'il y ait un autre incident sérieux. Les aînés qui ne veulent pas attirer l'attention vont rappeler à l'ordre les plus jeunes, mais seront-ils écoutés?», s'interroge Robert Paris, de l'organisme communautaire PACT de rue.

Pour le moment, un appel à la raison a été publié sur la page Facebook du disparu.

«J-Light vous aimait tous [...] J'espère que certains réaliseront que la vie n'est pas un film et qu'on ne peut revenir de la mort. L'argent rapide, la vie rapide à 200 milles à l'heure [...] Je ne crois pas que tout cela valait la vie de J-Light», a écrit un visiteur.