Le caïd Raynald Desjardins devra se trouver un autre garde du corps. Jonathan Mignacca, qui protégeait le caïd au moment où ce dernier a échappé à un attentat, restera derrière les barreaux jusqu'à son procès.

C'est ce qu'a décidé la juge Lise Gaboury, mardi, au palais de justice de Laval, au terme de l'enquête sur cautionnement de l'homme de 26 ans.

Le caïd et son garde du corps, au volant de leur véhicule respectif, ont essuyé des tirs d'arme à feu vers 9h30 vendredi dernier à Laval, près du nouveau pont de l'autoroute 25, qui enjambe la rivière des Prairies.

Mignacca est soupçonné d'avoir répliqué en tirant plusieurs coups de feu. L'auteur de l'attentat, armé d'un AK 47, aurait peut-être pris la fuite en motomarine, selon la police qui tente toujours de retrouver l'arme du garde du corps ainsi que celle du tireur embusqué.

Le garde du corps du caïd est accusé d'avoir utilisé une arme de poing d'une manière négligente, d'avoir eu en sa possession des munitions prohibées de calibre 40, d'avoir porté une arme de poing dans un dessein dangereux et d'avoir déchargé intentionnellement cette arme à feu sans se soucier de la vie ou de la sécurité d'autrui.

La poursuite s'opposait à ce que Mignacca soit mis en liberté avant son procès. La juge Gaboury lui a donné raison en estimant que sa libération aurait miné la confiance du public en l'administration de la justice. Mignacca représente un danger pour la sécurité du public, estime aussi la magistrate.

Plus tôt à l'audience, la Couronne a fait témoigner le sergent-détective Sylvain Lemire sur les circonstances de l'attentat. De son côté, la défense a fait témoigner la conjointe de l'accusé. Leurs témoignages sont toutefois frappés d'un interdit de publication.

Desjardins s'en est tiré indemne. Mignacca, lui, a été légèrement blessé à la poitrine par un fragment de balle. Aux yeux de son avocate, Me Debora De Thomasis, il s'agit d'un cas de légitime défense.

Mignacca retournera en cour demain pour fixer la date de son enquête préliminaire.

Raynald Desjardins, 57 ans, est un ex-associé de Vito Rizzuto, qui a longtemps été considéré comme le parrain de la mafia italienne au Canada. Après l'arrestation de Rizzuto, Desjardins s'est rangé du côté d'hommes comme Domenico Arcuri, son partenaire d'affaires, Joe Di Maulo, son beau-frère, et Salvatore Montagna, chef par intérim de la famille mafieuse Bonanno qui vit aujourd'hui dans la région de Montréal.

La police n'a pas retrouvé le ou les auteurs de l'attentat.