La disparition d'un bambin de 3 ans a connu une fin heureuse dimanche en Colombie-Britannique quand son ravisseur a discrètement restitué l'enfant à l'intérieur du domicile familial où il l'avait kidnappé quatre jours plus tôt. L'histoire laisse toutefois inquiets les résidants de la petite municipalité de Sparwood, alors que la police recherche toujours le principal suspect connu pour ses problèmes de déviance sexuelle.

«C'est un miracle», s'est exclamée à La Presse Sharon Fraser, mairesse intérimaire de la communauté minière de 3600 âmes, établie dans une vallée des Rocheuses. L'élue était d'autant plus émue qu'un examen médical aurait établi que le jeune Kienan Hebert n'aurait pas été abusé, physiquement ni sexuellement, durant sa captivité.

Le garçon ne semble même pas réaliser ce qu'il lui est arrivé, relate Sharon Fraser, qui a visité la famille Hebert dimanche matin. «Il a passé la matinée à jouer au frisbee avec son père, ses frères et ses soeurs. La famille semblait heureuse. Pour lui, c'est comme s'il avait été rendre visite à une connaissance de longue date et qu'il rentrait.»

Ce dénouement inespéré est venu clore une semaine éprouvante pour la petite municipalité de Sparrow. Dans la nuit de mardi à mercredi, une personne s'est introduite dans la maison familiale des Hebert et a kidnappé le petit Kienan. «C'était la semaine la plus ensoleillée depuis le début de l'été, mais il y avait un nuage noir qui flottait au-dessus de la tête de tout le monde. C'est plutôt sombre de se dire que quelqu'un est entré dans une maison et a enlevé un enfant de 3 ans», indique Sharon Fraser.

Ravisseur connu de tous

La Gendarmerie royale du Canada (GRC) a rapidement identifié Randall Hopley comme le principal suspect dans cette histoire. L'homme de 46 ans est bien connu à Sparwood. «Pour de mauvaises raisons», précise Sharon Fraser. Les villageois le voient souvent flâner à vélo dans les rues de la municipalité.

Randall Hopley, qui aurait été abusé durant son enfance, a eu maintes fois maille à partir avec la justice. Au milieu des années 80, il a été condamné à deux ans de prison pour agression sexuelle. Puis en novembre 2007, Hopley a reconnu avoir tenté d'enlever un jeune garçon de 10 ans d'un foyer d'accueil, crime pour lequel il a été condamné à 18 mois de prison. Depuis mai 2010, il faisait face à 12 accusations pour entrée par effraction et vol.

La police n'a pas expliqué pourquoi Hopley était soupçonné de l'enlèvement du jeune Kienan. La mère du suspect, Margaret Fink, qui habite Sparwood, a toutefois indiqué aux médias avoir reçu la visite de son fils mardi, après un an d'absence.

Dans la nuit suivante, la GRC rapporte qu'un autre enfant aurait été la cible d'une tentative d'enlèvement, sans succès. C'est seulement après cet échec que le suspect se serait tourné vers le domicile des Hebert.

Samedi soir, le père du bambin, Paul Hebert, a plaidé devant les médias pour la libération de son fils. «Tout ce que nous demandons, c'est que vous ameniez Kienan à une place sécuritaire, d'accord? Vous pourriez le laisser dans un endroit comme une station-service ou le stationnement d'un commerce où il serait à la vue, d'accord?», a-t-il supplié, soulignant que son fils ne savait pas encore parler, ce qui l'empêcherait d'identifier son ravisseur.

Moins de 12 heures plus tard, la GRC a reçu un appel anonyme l'informant que l'enfant se trouvait au domicile familial, abandonné depuis l'enlèvement.

La soixantaine de policiers affectés à l'enquête tâchent maintenant de retrouver Randall Hopley. «J'espère qu'ils vont l'attraper et lui donner l'aide dont il a vraiment besoin, dit Sharon Fraser. J'ai peur que, s'il ne s'en prend pas à d'autres, il s'en prenne à lui même».

- Avec La Presse Canadienne