La famille Gatti vient de perdre un round dans le combat qui l'oppose à la veuve du boxeur Arturo Gatti.

Le procès civil concernant la succession du champion boxeur débutera bel et bien mardi, malgré la demande de la famille Gatti de le reporter en raison d'un nouveau rapport concluant que le boxeur ne s'est pas suicidé, a décidé la juge Claudine Roy, vendredi.

Le clan Gatti a présenté cette requête plus tôt cette semaine au palais de justice de Montréal.

Les conclusions d'une enquête privée réalisée aux États-Unis sur la mort du boxeur pouvaient avoir «un impact déterminant sur le sort du litige», selon Ida et Fabrizio Gatti, la mère et l'un des frères du boxeur. Ils demandaient à la Cour supérieure du temps afin de mandater leurs propres experts pour étudier ce rapport.

Jeudi, le porte-parole du clan Gatti, Jérémy Filosa, également journaliste sportif à Montréal, affirmait pourtant à différents médias que les négociations allaient bon train entre les parties pour en arriver à une entente à l'amiable ou du moins pour un report de la cause de quelques semaines.

Ces négociations ont été vaines si l'on en croit l'un des avocats d'Amanda Rodrigues, veuve du boxeur. «Si le procès a lieu, de toute évidence, c'est qu'il n'y a pas d'entente», a dit Me Pierre-Hugues Fortin, vendredi.

Plus tôt cette semaine, le clan Gatti a remis à la juge Roy un DVD contenant les résultats de cette enquête privée commandée par l'ancien agent américain du boxeur, Pat Lynch. Les parties se sont engagées à ne pas en révéler le contenu.

Le clan Gatti a indiqué à la juge qu'il était «hautement vraisemblable» que ce rapport soit déposé en preuve au procès.

«L'admissibilité même du rapport serait certainement contestée vigoureusement, notamment parce que l'auteur s'appuie sur du ouï-dire, écrit la juge Roy dans sa décision de 17 pages. Il exprime son avis que M. Gatti ne s'est pas suicidé. M. Gatti était un personnage public et son décès a provoqué, et provoque encore, semble-t-il, des remous. Cela ne doit pas empêcher la tenue d'un procès juste et équitable entre les parties pour décider du sort de la succession.»

Plusieurs des propos retenus dans le cadre de cette enquête privée émanent de témoins qui sont déjà convoqués au procès, note également la juge Roy.  

Préjudice à la veuve

«Accorder la demande de remise aurait pour effet de remettre le procès de plusieurs années et de causer un préjudice certain à Mme Rodrigues, qui ne bénéficie, pour elle-même, d'aucune source de revenus provenant de la succession», conclut la magistrate.

Les résultats de cette longue enquête menée par un enquêteur privé de Chicago aux États-Unis, au Canada et au Brésil devaient être rendus publics la semaine dernière lors d'une conférence de presse au New Jersey. Or, l'ouragan Irene a forcé le report de la conférence de presse à mercredi prochain.

En juillet 2009, le champion boxeur de 37 ans ne se serait pas suicidé lors de son séjour dans une station balnéaire du Brésil, a conclu l'enquêteur privé Paul Ciolino, selon une entrevue accordée à un quotidien américain dans laquelle il a promis de révéler davantage de détails lors de la conférence de presse. Les autorités brésiliennes, de leur côté, ont conclu au suicide.

La fortune du boxeur oscillerait entre 6 et 8 millions de dollars. Ida et Fabrizio Gatti demandent au tribunal d'annuler le testament que le boxeur a modifié trois semaines avant sa mort. Dans ce testament datant de 2009, le boxeur a légué tous ses biens à sa femme, Mme Rodrigues.

Ida et Fabrizio Gatti prétendent avoir droit d'hériter de la succession aux termes d'un testament antérieur réalisé en 2007. Ils sont toutefois incapables d'en produire l'original signé et demandent donc au tribunal de le reconstituer.

Il y a deux interprétations du testament de 2007, peut-on lire dans la décision de la juge Roy. Selon la première interprétation, la fille du boxeur née d'une union précédente, âgée aujourd'hui de 5 ans, et Ida Gatti se partagent le solde de la fiducie.

Dans une seconde interprétation, tout l'argent va à l'enfant.

Autre développement survenu plus tôt cette semaine, Mme Gatti a renoncé à réclamer quelque part que ce soit de la fiducie. Elle a demandé à ce que la mère de la fillette, Erika Rivera, à titre de tutrice de l'enfant, puisse prendre part à la requête pour faire annuler le dernier testament. La juge Roy leur a accordé cet amendement.

Le procès devrait durer 21 jours.Amanda Rodrigues, qui vit au Brésil avec le fils qu'elle a eu avec le boxeur, y assistera.