Benoît Guay, qui a agressé sexuellement huit jeunes femmes alors qu'il travaillait comme policier pour la Ville de Montréal, est de retour derrière les barreaux.

La Commission nationale des libérations conditionnelles le soupçonne d'avoir manqué à l'une des conditions de sa «libération d'office». Les commissaires l'ont récemment renvoyé en prison jusqu'à ce qu'il s'explique devant eux, le 21 septembre.

En janvier dernier, la Commission a libéré l'ex-policier après qu'il eut purgé les deux tiers de sa peine, comme le prévoit la loi, même si elle considérait qu'il était toujours dangereux. Les commissaires étaient alors convaincus qu'il avait toujours «un risque élevé de récidive dans des délits de semblable matière, à savoir l'agression de jeunes filles», peut-on lire dans la plus récente décision rendue dans ce dossier.

Un porte-parole de la Commission, Luc Desbiens, confirme que l'ancien policier, âgé de 40 ans, a manqué à l'une des conditions spéciales de sa libération. Il ne veut toutefois pas préciser laquelle.

Benoît Guay a été condamné à 8 ans de prison en 2007 pour avoir agressé huit adolescentes et jeunes femmes en 14 mois. Il a menacé certaines d'entre elles avec son arme de service. Mettant à profit ses connaissances acquises à titre de policier spécialisé «en filature», soulignent les commissaires, il suivait ses victimes et les emmenait à l'écart pour les agresser.

Protection du public

L'homme a été déclaré délinquant à contrôler. Au moment de le libérer, les commissaires ont jugé qu'il représentait toujours un danger pour le public, au point où ils lui ont imposé une série de conditions exceptionnelles. Depuis le mois de janvier, Guay est obligé de vivre dans une maison de transition et doit respecter un couvre-feu sévère.

Il devait aussi aviser son surveillant de toute rencontre «non fortuite» avec une femme, y compris la sienne, qui a entrepris une procédure de divorce depuis l'arrestation du policier, et n'avait pas le droit d'entrer en contact avec des filles mineures sans l'accord de son surveillant. L'une de ses victimes a intenté un recours civil contre lui. Elle lui réclame 75 000$.

Guay a contesté, sans succès, certaines conditions imposées par la Commission devant sa section d'appel.

«Il appert que vous avez une perception inadéquate de la femme, particulièrement sur le plan sexuel. Une telle mesure contribuera à mieux protéger le public», ont écrit les commissaires en novembre dernier. Différents psychiatres et psychologues qui ont évalué l'ex-policier estiment que ses déviances sexuelles existent depuis plus de 20 ans. Il s'adonnait depuis tout ce temps au voyeurisme et à l'exhibitionnisme, et il recourait compulsivement aux services de danseuses nues et de prostituées.