La police de Montréal vient de rouvrir une enquête sur l'un des faits divers les plus marquants des années 80. Près de 27 ans après la disparition du petit Sébastien Métivier, des renseignements concernant l'identité d'un possible suspect sont parvenus aux enquêteurs des crimes majeurs.

C'est la mère du garçonnet, âgé de 8 ans à l'époque de sa disparition, qui a d'abord appris ces nouvelles informations. Christiane Sirois a été jointe par une personne proche de la famille qui «n'en pouvait plus de vivre» avec une confession que lui avait faite le prétendu meurtrier du petit Sébastien, il y a près de 20 ans. Après avoir échangé 25 courriels sur le site de réseautage Facebook avec cette femme, Mme Sirois a décidé de la rencontrer à son domicile.

«Elle pleurait, elle disait qu'elle n'était plus capable de vivre avec ça, qu'elle n'arrivait plus à dormir la nuit, a raconté hier Christiane Sirois lors d'une entrevue avec La Presse. Elle m'a dit qu'il y a 20 ans, l'homme lui avait confié que je ne retrouverais jamais mon fils vivant parce qu'il l'avait tué, découpé en morceaux puis laissé dans un terrain vague.»

Une série de mystérieuses disparitions

Sébastien Métivier a disparu le 1er novembre 1984 dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve le même jour que son ami Wilton Lubin, 12 ans. Un troisième garçon, Maurice Viens, 4 ans, a également disparu ce jour-là dans l'est de Montréal. Le corps inerte de Maurice Viens a été retrouvé quatre jours plus tard dans le sous-sol d'une maison abandonnée à Saint-Antoine-sur-Richelieu, sur la Rive-Sud. Le cadavre méconnaissable de Wilton Lubin a quant à lui été repêché un mois plus tard dans les eaux du fleuve Saint-Laurent près des îles de Boucherville. Sébastien Métivier, lui, n'a jamais été retrouvé. Ni mort ni vivant.

À l'époque, ces trois disparitions avaient profondément secoué le Québec. L'organisme Enfant-Retour a d'ailleurs été créé dans la foulée de ces événements.

En 1993, des enquêteurs de la police de Montréal pensaient avoir découvert l'auteur du meurtre de Wilton Lubin et de la disparition de Sébastien Métivier. Leurs soupçons n'ont jamais été confirmés puisque, la veille du jour où il devait subir le test du polygraphe, le suspect s'est suicidé dans sa cellule du pénitencier de La Macaza, où il purgeait une peine pour agression sexuelle sur une fillette de 7 ans.

Le SPVM relance l'enquête

Christiane Sirois dit avoir été bouleversée par ces nouvelles révélations. La femme de 54 ans, qui travaille comme préposée aux bénéficiaires, a récemment fait part de ces informations aux enquêteurs des crimes majeurs du SPVM. Le porte-parole de la police de Montréal, le sergent Ian Lafrenière, l'a confirmé. Il a aussi indiqué que des «vérifications» étaient en cours et que la rencontre avec une «informatrice» ferait vraisemblablement partie de l'enquête, mais il s'est refusé à tout autre commentaire.

Fait étrange, ces nouveaux rebondissements ont été rendus publics hier matin à la suite d'un message anonyme laissé sur la boîte vocale du chroniqueur judiciaire de LCN, Claude Poirier. Dans ce bref message, un homme demandait à l'animateur de l'émission Le vrai négociateur de prendre contact avec Mme Sirois, car il détenait de nouvelles informations sur la disparition de Sébastien Métivier. Le message de l'homme porte à croire qu'une tierce personne est au courant de la rencontre entre les deux femmes.

Mme Sirois se fie maintenant aux policiers pour élucider cette affaire. Au cours des 27 dernières années, elle a obtenu à plusieurs reprises des informations contradictoires sur la disparition mystérieuse de son fils. «Moi, je ne baisse pas les bras jusqu'à ce qu'il y ait des ossements ou des tests d'ADN qui prouvent que mon fils est mort», a-t-elle expliqué.