Le présumé criminel de guerre congolais Abraham Bahaty Bayavuge, arrêté au Canada cette semaine et menacé d'une expulsion prochaine, a continué à clamer son innocence, vendredi.

En vidéoconférence devant la Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada à Montréal, M. Bayavuge a affirmé qu'il n'était qu'un «simple technicien en informatique», avant de nier avoir participé à quelque acte répréhensible que ce soit.

Le Congolais est le cinquième suspect à avoir été arrêté après qu'Ottawa eut publié la semaine dernière une liste de 30 individus soupçonnés d'avoir participé à des crimes de guerre ou des crimes contre l'humanité dans leur pays d'origine.

M. Bayavuge a nié vendredi qu'il puisse représenter une menace pour la société, comme le soutient le gouvernement. À la blague, il a lancé que pendant les sept années qu'il a passées au Canada en tant qu'homme libre, de 2000 à 2007, la plus grande infraction qu'il ait commise avait été de ne pas déplacer sa voiture, ce qui lui avait valu de nombreuses contraventions pour stationnement illégal.

Pendant sa comparution, il a déclaré que «personne ne pourrait prouver, hier, aujourd'hui ou demain qu'il a même tué un chat». Il a ajouté qu'il respectait les humains et qu'il «n'enlèverait jamais la vie de quelqu'un».

La commission a finalement décidé de maintenir M. Bayavuge en détention, évoquant le risque que le suspect profite d'une libération pour prendre la fuite, puisqu'il a épuisé tous les moyens juridiques à sa disposition afin de pouvoir demeurer au Canada. Mais le commissaire ne croit pas qu'il représente une menace pour la société, contrairement à ce qu'affirme le gouvernement Harper.

«Je ne comprends pas vraiment pourquoi il est considéré comme un danger public maintenant, alors qu'il ne l'a jamais été envers la société canadienne par le passé, alors qu'il était libre», a déclaré le commissaire Yves Dumoulin.

L'homme de 49 ans, qui a vécu à Montréal, a été arrêté mercredi dans la région d'Ottawa.

Le gouvernement a indiqué qu'il tentait de mettre la main sur des documents de voyage de l'ambassade congolaise à Ottawa avant de renvoyer M. Bayavuge chez lui. Une porte-parole du gouvernement fédéral n'a pas voulu spéculer sur la date ou la méthode d'extradition de l'homme.

En 2010, après avoir épuisé tous ses recours judiciaires pour rester au pays, M. Bayavuge a tenté de déposer une demande de statut de réfugié sous une fausse identité congolaise comprenant des documents falsifiés.

Il aurait d'ailleurs d'abord donné ce faux nom aux enquêteurs de l'Agence des services frontaliers en début de semaine, avant d'admettre sa vraie identité lors d'un interrogatoire. Il a éventuellement déclaré aux agents qu'il était heureux de ne plus avoir à se cacher, mais qu'il ne voulait pas retourner au Congo.

Des membres de la communauté congolaise de Montréal soutiennent ses affirmations d'innocence.

«Cet homme n'a jamais été impliqué dans de tels crimes au Congo», a déclaré Jean-Marie Mousenga, qui gardé contact avec M. Bayavuge depuis que ce dernier a commencé à se cacher, il y a plusieurs années.

«Il a été automatiquement lié à tous les crimes attribués au gouvernement, mais il n'est rien d'autre qu'un citoyen ordinaire, un fonctionnaire.»

La prochaine comparution de M. Bayavuge devant la commission est prévue pour mardi prochain.