Un cinquième fugitif soupçonné de crimes de guerre a été arrêté par l'Agence des services frontaliers entre mercredi soir et jeudi matin, quelques heures à peine après que ses proches aient brisé le silence et imploré la clémence du gouvernement dans une entrevue à La Presse.

Abraham Bahaty Bayavuge, 49 ans, un Montréalais d'origine congolaise en fuite depuis plusieurs années, a été retrouvé dans la région d'Ottawa, ont confirmé le ministre de la Sécurité publique Vic Toews et le ministre de l'Immigration Jason Kenney dans un point de presse.

La semaine dernière, le ministre de la Sécurité publique avait demandé l'aide du public pour retrouver 30 fugitifs soupçonnés d'être mêlés à des crimes de guerre ou des crimes contre l'humanité. La plupart d'entre eux étaient déjà sous le coup d'un ordre d'expulsion du Canada lorsque les autorités ont perdu leur trace.

Abraham Bahaty Bayavuge est le cinquième suspect de cette liste à être appréhendé.

Puisqu'il a travaillé comme informaticien au sein des forces de sécurité sous les régimes autoritaires de Mobutu et Laurent-Désiré Kabila, en République démocratique du Congo (ex-Zaïre), les tribunaux ont jugé qu'il y avait des motifs raisonnables de croire qu'il s'est rendu complice de la répression et des «traitements inhumains» imposés à la population congolaise.

Mercredi, une de ses filles s'était toutefois portée à sa défense. En entrevue, elle l'avait décrit comme un père aimant et un simple informaticien ne sachant même pas utiliser une arme.

Le président de la Communauté congolaise de Montréal, Jean-Marie Mousenga, compte d'ailleurs mobiliser ses membres en soutien au suspect, qu'il considère comme un ami et un homme très populaire au sein de sa communauté.

«Pour le Canada, toute personne qui a travaillé dans un service de renseignement ou d'immigration dans notre pays est un criminel. Mais il n'était qu'un informaticien!» a-t-il déclaré.

En conférence de presse, les deux ministres conservateurs n'ont pas fléchi dans leur volonté de retrouver et expulser les 30 suspects dont la photo a été publiée.

«Le gouvernement du Canada est déterminé à sévir contre le crime sous toutes ses formes, et les crimes de guerre ne font pas exception. Nous demeurons résolus à identifier, à détenir et à renvoyer du Canada les personnes qui représentent une menace à la sécurité de notre pays», a déclaré le ministre Vic Toews.

«Le Canada est reconnu à l'échelle mondiale comme étant un chef de file dans les efforts visant à tenir responsables de leurs crimes les auteurs de violations des droits de la personne. Le Canada ne sera pas un refuge pour quiconque prend part à ce type de crimes odieux» a ajouté le ministre Jason Kenney.