Isabelle Gaston soutient l'appel interjeté la semaine dernière par le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP). «J'accepte la décision du DPCP d'aller en appel, déclare-t-elle dans un bref communiqué de presse. Contrairement à ce que j'affirmais le jour du verdict, si on ordonne un nouveau procès et si on me demande de retourner témoigner, j'irai.»

À l'issue d'un procès qui a tenu le Québec en haleine, l'ex-conjointe de Guy Turcotte avait affirmé qu'elle ne souhaitait pas assister à un nouveau procès. «Pour moi, il était plus simple de poursuivre ma route, dit aujourd'hui Isabelle Gaston. J'aimerais passer à autre chose pour calmer la souffrance et la tristesse qui m'habitent. Cependant, je comprends que les procureurs de la Couronne ne défendent pas seulement mes intérêts, mais ceux de nous tous. Ils n'ont pas, par conséquent, à écouter ma requête, mais doivent chercher à protéger la société.»

«Dénoncer une erreur»

Deux semaines après le verdict, une «mûre réflexion» l'a amenée à changer d'avis: «Je sais qu'aujourd'hui, je ne vivrai pas ma vie en ayant le coeur et l'esprit en paix, en sachant que je n'ai rien fait pour dénoncer ce que je crois être une erreur.»

Les enfants d'Isabelle Gaston, Olivier, 5 ans, et Anne-Sophie, 3 ans, ont été poignardés à de multiples reprises par leur père, Guy Turcotte, le 20 février 2009. Les deux petites victimes passaient alors le week-end avec lui dans la maison qu'il louait à Piedmont depuis sa récente séparation d'avec leur mère.

Après trois mois de procès, Guy Turcotte a été déclaré non criminellement responsable de ses actes pour cause de maladie mentale - un trouble de l'adaptation avec anxiété et humeur dépressive. Le verdict, rendu à l'unanimité par le jury après six jours de délibération, a créé une onde de choc au Québec.

Dans un contexte de forte mobilisation populaire, le DPCP a annoncé vendredi qu'il interjetait appel de ce verdict en raison d'erreurs commises par le juge Marc David dans ses directives aux jurés. Si l'appel est autorisé, Guy Turcotte sera jugé une deuxième fois.

Isabelle Gaston se dit consciente du fait que l'appel ne sera accueilli ou rejeté « que sur un motif de droit » et que la Cour d'appel ne peut se prononcer sur «l'injustice de ce verdict». Elle souligne aussi que «le droit à la vie est la plus importante des valeurs de notre société». Elle se dit convaincue que «les individus qui font usage de violence doivent être tenus responsables de leurs actes» et que «la défense de maladie mentale ne devrait être permise qu'en de rares occasions».

Malgré tout, Isabelle Gaston reste prudente quant aux suites de l'affaire. «Dorénavant, je suivrai les procédures sans trop d'attente, mais j'aurai tout de même l'espoir qu'enfin, un jour, justice sera rendue pour mes enfants, Olivier et Anne-Sophie», dit-elle avant de remercier les personnes qui la soutiennent dans cette épreuve.