Un homme de Trois-Rivières est furieux contre la Sûreté du Québec, qui n'a pas encore porté d'accusation contre un automobiliste qui a agressé sa mère alors quelle se promenait à vélo.

Le dimanche 26 juin, la cycliste de 67 ans roulait en bordure d'une route de Bécancour lorsqu'une voiture est arrivée à sa hauteur. Le véhicule a ralenti et s'est collé contre la dame. Le passager a alors abaissé sa vitre, sorti les bras et poussé la sexagénaire, selon plusieurs témoins.

Des automobilistes horrifiés ont suivi la voiture pour relever le modèle et le numéro de plaque. Avec ces informations en main, le fils de la victime a déposé une plainte à la Sûreté du Québec (SQ). Même si sa mère s'en est tirée avec des éraflures et des ecchymoses, il en faisait une question de principe.

Mais près d'un mois plus tard, Stéphane Godin est dégoûté. L'enquête aurait été mise au rancart et aucune accusation ne sera déposée contre le propriétaire du véhicule, un jeune de 21 ans.

«Quand ma mère m'a dit il y a quelques jours qu'ils étaient pour fermer le dossier, j'ai dit "non, non, non, ça se peut pas!" Avec le numéro de plaque et le modèle de voiture!»

Selon M. Godin, la SQ a pu retracer sans trop de problème le propriétaire du véhicule, qui habite entre Québec et Trois-Rivières. Mais les témoins qui ont vu l'agression n'ont pas bien aperçu le visage du conducteur.

Sans ce détail, il est impossible de savoir si le propriétaire était bel et bien au volant lors de l'agression, fait valoir la SQ. Mais M. Godin estime que les policiers pourraient en faire plus.

«L'enquêteur, j'ai tout de suite vu qu'il ne voulait pas travailler là-dessus, pour lui c'était trop niaiseux, ça ne valait même pas la peine, accuse le Trifluvien de 42 ans. Je ne serais même pas surpris qu'ils n'aient pas encore rencontré le jeune.»

«Je ne digère pas que la SQ me dise que c'est un geste banal, que ça ne vaut pas la peine. C'est un cas assez grave, dit-il. Ok, elle n'est pas morte, ma mère. Mais elle est tombée du côté des voitures, elles devaient s'écarter pour pas rouler dessus. Si elle était morte, ç'aurait été une enquête autrement plus sérieuse. Ça prend un décès pour avoir une enquête sérieuse?»

Stéphane Godin a donc écrit une lettre au ministre de la Sécurité publique. «Je suis très déçu de la tournure de l'enquête. Je vous demande de faire le nécessaire pour que les 2 jeunes adultes ne puissent plus agresser d'autres personnes», écrit-il au ministre Robert Dutil.

La SQ confirme qu'aucune accusation n'a pour l'instant été déposée. Mais une porte-parole a assuré mercredi que l'enquête n'avait pas été fermée. «L'enquête suit son cours», a dit Geneviève Bruneau.