Claude Larouche était bel et bien en chasse le soir où il a tué Natasha Cournoyer.

Le jury chargé de juger le menuisier de 49 ans l'a trouvé coupable jeudi matin du meurtre prémédité de Natasha Cournoyer.

Le verdict est tombé à la seconde journée de délibérations au palais de justice de Montréal.

Assis dans le box des accusés, Claude Larouche n'a pas bronché.

À quelques mètres de lui, assise dans l'assistance, la meilleure amie de la victime, Kristine Laflamme, a éclaté en sanglots. La procureure de la Couronne, Me Éliane Perreault, s'est par la suite dirigée vers elle pour la serrer dans ses bras.

«C'est un grand soulagement. Il ne pourra pas en blesser d'autres. Il ne pourra plus attaquer personne», a lancé Mme Laflamme, émue.

«Natasha Cournoyer était une femme comme vous et moi. Cela aurait pu arriver à n'importe qui d'entre nous», a ajouté la procureure de la poursuite.

Le jury a vraisemblablement cru la thèse de la Couronne selon laquelle Larouche a jeté son dévolu sur Natasha Cournoyer après avoir tenté d'attaquer une joggeuse sur une piste cyclable, à quelques mètres du lieu où la fonctionnaire fédérale de 37 ans a été enlevée.

Natasha Cournoyer était son «plan B», avait plaidé Me Perreault plus tôt au procès.

Claude Larouche est arrivé dans le stationnement de Place Laval à 18h35 le 1er octobre 2009. À 20h09, Natasha Cournoyer est sortie de son bureau situé à Place Laval. Elle a traversé le stationnement. Sur les images captées par une caméra de surveillance, sa silhouette disparaît ensuite dans une zone d'ombre.

L'accusé a surpris la jeune femme alors qu'elle déverrouillait sa portière. Il l'a enfermée dans sa fourgonnette, assommée et ligotée, selon la Couronne. Il l'a violée et l'a forcée à lui faire une fellation.

La poursuite est convaincue que Larouche s'est débarrassé du corps de la victime cette nuit-là, près d'une descente de bateau à Pointe-aux-Trembles, et non pas le lendemain, au grand jour, comme il le prétend.

Le corps a été découvert tout à fait par hasard par une employée col bleu de la Ville de Montréal le 6 octobre. Larouche a été arrêté un mois plus tard, trahi par son ADN. Son sperme a été trouvé à plusieurs endroits du corps de la victime, notamment dans sa bouche.

Interrogé par les policiers durant six heures au lendemain de son arrestation, le 6 novembre, Claude Larouche n'a pas craqué. Il a toutefois lâché une phrase qui est revenue le hanter à son procès.

«Si je veux tuer quelqu'un, je vais aller à la chasse.»

Deux pierres tombales

De son côté, la défense avait demandé au jury de déclarer son client coupable d'homicide involontaire puisqu'il n'avait pas l'intention de tuer la victime. Larouche était fortement intoxiqué ce soir-là, selon sa version des faits donnée au procès.

Larouche prétendait avoir consommé 18 quarts de gramme de cocaïne et 10 roches de crack. Il disait s'être rendu dans le stationnement de Place Laval pour rencontrer un vendeur de drogues. C'est là qu'il disait avoir fait la rencontre fortuite de la victime. Cette dernière aurait accepté de le suivre au motel Lido et lui aurait même offert des faveurs sexuelles, toujours selon sa version racontée au jury.

Visiblement, le jury, composé de 4 femmes et 8 hommes, ne l'a pas cru.

Larouche a décrit sa victime comme une prostituée, alors que c'était une femme sans histoire qui devait magasiner la pierre tombale de son père le lendemain du drame, le 2 octobre, en compagnie de sa mère. Elle ne s'est jamais présentée au restaurant où elle devait déjeuner avec sa mère ce matin-là avant d'aller faire des courses.

Ce n'est pas une, mais bien deux pierres tombales que sa mère, Louise Cournoyer, a dû acheter. L'une pour son mari. L'autre pour son enfant unique.

«Je ne pense pas que cet homme ait une parcelle d'humanité en lui», a poursuivi la meilleure amie de la victime.

Les membres de la famille de Natasha Cournoyer ont préféré ne pas assister au procès. «C'était trop dur pour sa mère d'être dans la même pièce que celui qui assassiné sa fille», a expliqué Mme Laflamme.

Prison à vie

Claude Larouche écope automatiquement une peine de prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle avant 25 ans. «Vous aurez à réfléchir à ce que vous avez fait le reste de votre vie», lui a lancé le juge Fraser Martin avant qu'il ne reprenne le chemin des cellules.

Les avocats de l'accusé, Me Richard Rougeau et Sonia Mastromatteo, ont quitté la salle d'audience sans faire de commentaire aux médias présents.

Claude Larouche avait des antécédents criminels de nature sexuelle qui ont été cachés au jury. Le juge Fraser Martin les a écartés de la preuve, car il les considérait préjudiciables à l'accusé.

Larouche a déjà tenté d'enlever une fillette en 2003 ; crime pour lequel il avait écopé 40 mois de prison. Originaire du Saguenay, il a également agressé sexuellement une femme de 19 ans à Jonquière en 1991.

De plus, il est actuellement accusé d'avoir tenté de tuer une prostituée deux semaines après le meurtre de Mme Cournoyer. Il est en attente de procès dans cette affaire.

Au moment de son arrestation pour le meurtre de Mme Cournoyer, il vivait avec sa conjointe et les deux fils de cette dernière dans le quartier Ahuntsic.