Un cousin du caïd Ducarme Joseph, Lamartine Sévère Paul, avait l'habitude de dormir avec un pistolet chargé sous son matelas.

Lorsque les policiers ont fouillé sa maison sur la 100e Avenue, à Laval, ils ont découvert trois armes à feu illégales: deux pistolets dans la chambre du couple et un troisième dans le garage.

La Division du crime organisé du Service de police de la Ville de Montréal le soupçonnait alors de réaliser des contrats d'extorsion à la solde de son cousin, Ducarme Joseph, et du controversé entrepreneur en construction Tony Magi.

L'anecdote du pistolet sous le matelas a été révélée récemment, alors que l'accusé, surnommé Polo dans le milieu des gangs de rue, recevait sa peine au palais de justice de Montréal.

«On est quand même en présence de trois armes dont l'une avec un chargeur à haute capacité. [...] C'est jamais très rassurant de voir qu'on peut se procurer autant d'armes et se livrer à de l'extorsion. Vous auriez été en mesure de mettre vos menaces à exécution», a dit le juge Jean-Pierre Boyer à l'accusé au moment de lui imposer une peine de 45 mois de prison.

Or, compte tenu du temps passé en détention préventive, il lui reste huit mois à purger.

L'homme de 41 ans a plaidé coupable le mois dernier à un chef d'accusation d'extorsion et à quatre autres chefs de possession illégale d'armes à feu.

La procureure de la Couronne, Me Isabelle Grondin, suggérait une peine plus sévère de cinq ans de prison. De son côté, la défense réclamait trois ans. «Au moment de son arrestation, M. Paul est un actif pour la société. Il est propriétaire d'une compagnie. Depuis, sa compagnie a dû fermer», a plaidé son avocate, Julie Giroux.

La défense a également fait valoir que Lamartine Sévère Paul était père de trois jeunes enfants. En prison, il a entrepris des démarches pour se reprendre en main, a-t-elle ajouté.

Extorsion

Au cours de leur enquête, les policiers ont observé Lamartine Sévère Paul et Ducarme Joseph, en pleine rencontre au bureau de l'entreprise Construction FTM, où se trouvait à l'époque presque chaque jour l'homme d'affaires Tony Magi.

L'entrepreneur controversé, lui-même accusé de port d'arme dans un dessein dangereux, accordait aux deux hommes des contrats d'extorsion, selon la police.

Lamartine Sévère Paul a reconnu avoir extorqué de l'argent à l'ancien propriétaire d'un commerce de fleurs, Elsa fleuriste, dans le quartier Émard. Il aurait agi pour le compte du nouveau propriétaire, Antonio Iannacci, aussi inculpé dans cette affaire.

En août 2009, Lamartine Sévère Paul s'est rendu au domicile du fleuriste avec trois autres hommes pour récupérer des documents de comptabilité et lui réclamer 10 000$. Le fleuriste a refusé. L'un des fiers-à-bras lui a alors asséné un coup derrière la tête.

Le lendemain, l'accusé a rappelé sa victime en insistant: «Tu as 30 minutes pour me remettre 10 000$ ou ça va mal finir.» Iannacci a aussi mis de la pression sur la victime en lui disant: «Tu ne sais pas à qui tu as affaire.»