La voisine de Stéphanie Meunier entendait des cris et des claquements de portes provenant du logement de l'accusée chaque jour depuis l'arrivée de la famille recomposée Meunier-Bastien dans l'immeuble en novembre 2008.



«C'était à tous les jours : le matin, le midi et à l'heure du souper», a témoigné Chantal Mercier, ce matin, au procès de Stéphanie Meunier, cette femme de 32 ans accusée du meurtre prémédité de l'enfant de 4 ans de son nouveau conjoint, Jérémy Bastien-Perron.

Les cris étaient ceux d'une femme et d'un enfant, selon la voisine. Une seule fois, la voisine a entendu une voix masculine. Mme Mercier vivait avec son conjoint de l'époque, Errol Jean, dans le logement au-dessus de celui que partageait Mme Meunier avec ses quatre enfants, son nouveau conjoint et l'enfant de 4 ans de ce dernier.

Le 6 décembre 2008, jour de la mort du bambin, Mme Mercier a encore une fois entendu «des cris colériques» d'un enfant et d'une mère provenant du logement de Mme Meunier. «C'était comme une grosse chicane, une grosse bataille», a expliqué la femme de 39 ans qui était en congé ce jour-là.

À son retour du travail, son conjoint, Errol Jean, a entendu une porte claquée; un «bruit suffisamment fort pour que tout l'immeuble l'entende», a-t-il témoigné à son tour ce matin au palais de justice de Montréal. Il a aussi entendu des cris qu'il associait à ceux d'un enfant qui refuse d'aller au lit.

Mme Mercier et M. Jean ne connaissaient pas leurs nouveaux voisins qui avaient emménagé dans l'immeuble de la rue Armand-Bombardier dans le quartier Rivière-des-Praires cinq semaines plus tôt.

Malgré le fait qu'ils entendaient chaque jour des cris provenant du logement de Mme Meunier, les voisins n'ont jamais pensé appeler la police ou la Direction de la protection de la jeunesse. «Je ne me mêle pas des affaires des autres. Je ne savais même pas qu'il y avait cinq enfants en bas», a témoigné M. Jean.

Plus tôt ce matin, le sergent Jean-François Leblond de la police de Montréal et l'urgentologue Karen Oulianine ont décrit tour à tour de façon émotive l'arrivée du bambin à l'hôpital Maisonneuve-Rosemont.

«C'était dramatique et traumatisant pour tout le monde», a indiqué la médecin de 25 ans d'expérience. «Des infirmiers avaient le haut-le-coeur. Certains se sont mis à pleurer», a ajouté le sergent Leblond.

En découvrant le corps du bambin couvert d'ecchymoses, tous deux ont conclu à la mort violente non accidentelle. L'enfant était en arrêt cardio-respiratoire à son arrivée à l'hôpital vers 18h45. Malgré les efforts des ambulanciers et des médecins à l'urgence, l'enfant n'a jamais pu être réanimé.

Le bambin avait des éraflures et une trace de morsure au visage, selon le policier. Ses tendons d'Achille portaient aussi des traces de morsure. Le côté droit de sa tête était très enflé. Il y avait une grosse plaie non soignée qui n'était pas récente sur un bras. Son dos était strié d'une dizaine de longues plaies qui auraient pu être faites par une ceinture.

«Malgré mon expérience, je n'ai jamais vu un patient avec autant de bleus, à part chez des patients qui ont des problèmes de coagulation», a insisté la Dre Oulianine.

Le procès, présidé par la juge de la Cour supérieure Johanne St-Gelais, se poursuit cet après-midi. L'accusée est défendue par Me Joëlle Roy et Me Mathieu Poissant. Le procès doit durer de cinq à six semaines.