L'adolescent de 17 ans accusé d'homicide involontaire à la suite de la mort d'Iqbal Ahmed, père de famille de 56 ans, est un garçon «modèle».

C'est du moins le portrait qu'a fait de lui sa famille en Chambre de la jeunesse de Montréal, hier. «C'est un exemple à suivre. C'est une bonne personne», a témoigné la tante de l'accusé. «Sa place n'est pas en centre jeunesse», a ajouté pour sa part la mère du garçon, dont l'identité est frappée d'un interdit de publication.

L'adolescent a été élevé par sa mère au sein d'une famille de cinq enfants. Il a abandonné l'école avant de terminer sa quatrième secondaire pour travailler dans une épicerie. Il n'a pas d'antécédents judiciaires.

Assis dans le box des accusés, l'accusé jetait fréquemment des regards vers ses proches, nombreux à assister à l'audience, hier. Détenu depuis le 14 avril, il a brièvement témoigné qu'il s'engageait à reprendre ses études si le juge Gaétan Zonato acceptait de le libérer.

Un enquêteur du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a décrit au magistrat, hier, les circonstances qui ont mené à la mort tragique de M. Ahmed. Vers 23h, le 8 avril dernier, deux adolescentes ont cogné à la fenêtre de la chambre de la fille de M. Ahmed pour lui donner rendez-vous au dépanneur du coin, dans le quartier Verdun. Or, la jeune fille n'a pas le droit de sortir à cette heure tardive.

La femme de M. Ahmed, qui avait entendu des bribes de la conversation entre les adolescentes, a demandé à son mari de rattraper leur fille, sans se rendre compte que cette dernière n'avait pas quitté sa chambre.

M. Ahmed a donc suivi les adolescentes au pas de course en criant le nom de sa fille. Lorsqu'il a fini par se rendre compte qu'elle ne faisait pas partie du groupe, il a rebroussé chemin.

Les adolescentes ont alors croisé près de la station de métro De L'Église un groupe de garçons à qui elles ont dit qu'un «fucking pédo» courait après elles, selon le témoignage du sergent-détective Mario Champoux.

L'accusé a été le premier à rattraper le père de famille. Sans lui donner le temps de s'expliquer, il l'a poussé à la poitrine, ce qui a eu pour effet de le déstabiliser, toujours selon l'enquêteur. Un autre garçon lui a donné un coup de poing au visage. L'homme est tombé et sa tête a heurté violemment un muret de béton.

Le père de quatre enfants a sombré dans un coma duquel il ne s'est jamais réveillé. Il est mort six jours plus tard à l'hôpital.

La Couronne, représentée par Me Martine Deschênes, s'opposait à la mise en liberté de l'accusé au motif que cela minerait la confiance du public dans l'administration de la justice. Le juge Zonato, qui n'était pas de cet avis, a libéré le garçon en attendant la suite du processus judiciaire.

L'adolescent, défendu par Mes Mathieu Longpré et Annie Laflamme, provient d'un milieu modeste. Si modeste que le juge a dispensé sa famille de déposer une somme d'argent pour garantir le respect des conditions imposées par la Cour. L'accusé devra respecter un couvre-feu. Il lui sera interdit d'entrer en contact avec son présumé complice, Francis Bélanger, 18 ans, ainsi qu'avec les membres de la famille Ahmed. Bélanger a également été mis en liberté sous condition, le mois dernier.