Un an s'est écoulé depuis que Line Sansoucy, 41 ans, a été brutalement tuée, dans son logement de Saint-Léonard. «Je ne sais pas si vous savez ce que c'est de perdre sa mère, mais ma vie a vraiment changé. Tout s'est écroulé d'un coup», a expliqué avec candeur et aplomb à la fois Melyna Sansoucy, vendredi, devant le juge Marc-André Blanchard.

L'adolescente de 14 ans n'a manifesté aucun désir de vengeance, mais elle tenait à transmettre ses sentiments, alors qu'on discutait de la peine à imposer à celui qui a tué sa mère, Paulo Dasylva. Ce Portugais de 37 ans, qui a obtenu sa résidence permanente au Canada en 2007, a été déclaré coupable d'homicide involontaire, au terme de son procès devant jury. La victime, qui affichait plusieurs blessures à la tête et au corps, est morte étouffée parce qu'un bouchon de papier hygiénique a été inséré dans sa bouche. Elle avait les pieds ligotés, et un ceinturon enserrait sa tête. Le crime est survenu le matin du 27 mars 2010. Mme Sansoucy avait invité un couple d'amis à venir la voir, la veille. Ce couple a décidé d'amener Dasylva pour lui changer les idées, car il s'était fait mettre à la porte de chez lui par sa femme, quelques jours plus tôt. Quand le couple a quitté le logement de Mme Sansoucy, vers 5h du matin, Dasylva est resté. Le drame s'est produit quelques heures plus tard. La Couronne croit que la victime a refusé les avances de Dasylva. Ce dernier, de son côté, a prétendu que la victime était subitement devenue furieuse sans raison, et l'avait attaqué. Il reconnaît s'être battu avec la victime, avoir mis le papier dans sa bouche, et l'avoir ligotée «pour l'empêcher de le poursuivre».

Cette explication ne tient pas la route pour le procureur de la Couronne Jacques Dagenais, qui a demandé au juge d'imposer une peine de 10 ans. En défense, Me Richard Dubé suggère quatre ans. Dasylva n'a pas d'antécédent et il a beaucoup de remords. L'accusé a témoigné, vendredi, en pleurant abondamment. «C'est la drogue qui a fait ça», a-t-il dit en faisant allusion au fait qu'il y avait eu consommation d'alcool et de cocaïne lors de l'événement. Il s'est excusé auprès de la famille de la victime. Il ignore s'il sera expulsé après avoir purgé sa peine. Il dit qu'il a beaucoup de difficulté à dormir depuis les événements.

Melyna aussi a de la difficulté à dormir. «La nuit, je me réveille et je hurle le nom de ma mère. Elle ne sera pas là pour me féliciter quand j'aurai fini mon secondaire 5, elle ne sera pas là à mon mariage», a dit la jeune fille, pendant que ses grands-parents maternels s'essuyaient les yeux. Depuis le drame, ce sont eux, à 70 ans passés, qui gardent la jeune fille, puisque le père est totalement absent. La victime avait aussi un fils, Mathieu, issu d'une union précédente. Ce dernier, au début de la vingtaine, est venu témoigner au procès, car il avait vu sa mère quelques heures avant sa mort. Il a beaucoup de difficulté à se remettre de la disparition de sa mère, d'autant plus qu'il a perdu son emploi le lendemain du drame.

Le juge Blanchard rendra sa décision le vendredi 15 avril.