Deux hauts responsables de la chaîne de garderies privées G-Souriant sont accusés d'avoir battu un éducateur dans les locaux de La Colmenita, rue Jarry Est à Montréal.

Des accusations de voies de fait et de voies de fait causant des lésions ont été portées contre l'inspecteur général du groupe G-Souriant, Nixiel Fonseca Delgado, et le directeur des opérations, Hugo Ricoy Caballero, à la suite d'un incident survenu le 21 janvier.

Ce jour-là, vers 10h30, les deux hommes se rendent à la garderie La Colmenita pour rencontrer Gustavo Daniel Berardo Nagel, éducateur embauché depuis peu.

Dans un local de la direction, ils lui reprochent de ne pas respecter «les règles établies dans l'établissement». «Les hommes sont agressifs verbalement envers M. Berardo Nagel», peut-on lire dans le rapport des policiers du SPVM qui ont recueilli la déposition de la victime.

«Une discussion animée commence entre les trois hommes et le ton monte. Voyant l'agressivité des deux hommes et n'étant pas d'accord avec leurs allégations, M. Berardo Nagel leur dit de vouloir démissionner (...). Les deux hommes refusent et l'informent que ce sont eux qui le mettent à la porte.»

L'éducateur demande de récupérer ses effets personnels, mais les deux hommes s'y opposent. «L'un des suspects tente de le frapper, mais l'autre l'en empêche», souligne le rapport.

Les deux hommes jettent les effets personnels de l'éducateur à l'extérieur du bureau et le «poussent» dans le couloir. «C'est à ce moment qu'ils battent M. Berardo Nagel de coups de poing. Ce dernier tombe au sol et continue de se faire frapper.»

«Quand ils ont terminé, M. Berardo Nagel quitte l'immeuble et contacte le 911.»

Les policiers constatent que M. Berardo Nagel a «le visage plein de sang et son nez est enflé». L'éducateur est transporté à l'hôpital Jean-Talon. Il se plaint d'avoir le «nez cassé» et une «douleur aux oreilles» lui donnant de la «difficulté à entendre».

Les deux suspects disent quant à eux aux policiers «ne pas savoir comment M. Berardo Nagel s'est infligé ses blessures». Selon eux, «peut-être qu'il s'est cogné».

Les deux suspects ont été arrêtés puis relâchés avec promesse de comparaître, a confirmé le SPVM. Un procureur a déposé des accusations à la lumière du rapport des patrouilleurs. M. Delgado a plaidé non coupable et sera de retour en cour le 15 juillet. La comparution de M. Caballero a été reportée au 15 avril.

Grabuge?

Le président du groupe G-Souriant, Christopher Pattichis, se porte à la défense de ses deux hauts responsables. Il leur avait lui-même demandé de rencontrer M. Berardo Nagel pour le congédier. Il affirme que l'éducateur s'est «cogné sur une colonne» lorsque l'un de ses employés l'a expulsé du bureau.

Il accuse M. Berardo Nagel d'avoir fait du grabuge, en fracassant un écran d'ordinateur sur le sol, par exemple. Il a envoyé des photos du matériel endommagé, mais ce prétendu vandalisme ne figure pas au rapport de police que M. Pattichis a lui-même remis à La Presse.

M. Pattichis affirme que l'éducateur avait reçu 15 avertissements depuis son embauche. Mais au moment de l'entretien avec La Presse, il ne se souvenait que d'un reproche qui lui était fait: l'éducateur s'assoyait souvent sur une chaise pour enfant, un comportement qui contrevient au règlement interne.

«Les directeurs ont essayé de contrôler (l'éducateur) parce qu'il était violent. Certains employés, au moment d'un congédiement, ne savent pas se comporter», a plaidé M. Pattichis.

La Presse a joint M. Berardo Nagel, mais il n'a pas voulu faire de commentaires par crainte de représailles.

- Avec la collaboration de Caroline Touzin