La Presse a appris que l'homme sur lequel la police de Laval a fait feu mardi est un ancien militaire. Il se trouve toujours dans un état critique à l'hôpital.

L'homme de 36 ans, qui s'était barricadé depuis l'aube dans sa maison, serait subitement sorti en fin de journée pour fondre sur les policiers en pointant une arme sur eux. Les agents avaient été appelés tôt le matin pour une affaire de violence conjugale.

Hier, rue Plessis, dans un secteur paisible de Duvernay, l'affaire était sur toutes les lèvres. «Le couple était séparé, a raconté une voisine. L'homme n'habitait plus là et je crois que la dame avait un nouveau conjoint. Elle ne parlait jamais de son ex, comme si elle avait peur.»

Selon nos sources, l'homme, ancien tireur d'élite de l'armée canadienne, souffre de stress post-traumatique à la suite d'une mission en Bosnie. Au moment de mettre sous presse, les Forces canadiennes n'avaient pas confirmé l'information, mais cela explique peut-être en partie le vaste périmètre de sécurité dressé mardi autour de chez lui. Plusieurs voisins ont été évacués, de même que les élèves d'une école élémentaire située à proximité, où est inscrite la fille du suspect.

Claire Beaulieu, autre voisine, a salué le travail des policiers. «On était fâchés de se faire évacuer mais, finalement, ils nous ont mis à l'abri du danger», a-t-elle souligné.

Depuis le début de l'année, c'est la quatrième fois que des policiers utilisent leur arme de service dans la grande région montréalaise.

Ces incidents - trois à Montréal et un à Laval - se sont soldés jusqu'à maintenant par la mort de deux hommes. D'abord, le 26 janvier, une policière a abattu un homme, Jean-Claude Lemay, dans le quartier Rosemont. L'agente aurait senti sa vie menacée lorsque l'individu de 48 ans s'est rué vers elle avec un couteau. Il a été atteint d'au moins un projectile et sa mort a été constatée à l'hôpital.

Quelques jours plus tard, à Beaconsfield, un homme de 27 ans est tombé sous les balles d'un policier après une introduction par effraction. Un complice et lui cherchaient vraisemblablement de la drogue dans une résidence de la rue Windermere. Un des suspects aurait tiré deux fois avec un fusil automatique à l'intérieur de la maison. Les hommes ont ensuite pris la fuite en voiture. Après une collision, ils ont continué à pied. L'homme de 27 ans, Patrick Saulnier, aurait été abattu à ce moment.

Enfin, le 16 février, un homme de 47 ans a été atteint de plusieurs projectiles au cours d'une intervention dans l'arrondissement de Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce. L'homme aurait appelé la police pour dire qu'il se sentait menacé par une voiture garée à proximité. À leur arrivée, les policiers auraient repéré un véhicule au volant duquel se trouvait vraisemblablement l'homme qui les avait alertés. Sans crier gare, ce dernier aurait alors foncé à plusieurs reprises en direction des policiers, qui ont répliqué en ouvrant le feu.

Avec Catherine Handfield

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LES ENQUÊTES

Le ministère de la Sécurité publique (MSP) demande une enquête indépendante lorsqu'une personne meurt ou subi des blessures graves au cours d'une opération policière ou pendant qu'elle est en détention. Entre 1999 et 2010, il a commandé 318 enquêtes indépendantes, dont 72 sur des opérations policières au cours desquelles des personnes ont été tuées ou gravement blessées. De ces 318 enquêtes, 3 ont mené à des accusations contre des policiers, 285 n'ont entraîné aucune mise en accusation et 30 sont toujours en cours.

Source: site web du MSP

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LE SPVM ET LES ARMES À FEU

> 2005: 40 coups de feu par des policiers au cours de 10 incidents, dont 30 dans une seule fusillade.

> 2006: 9 coups de feu dans 3 incidents, dont 6 à Dawson.

> 2007: 5 incidents, 8 coups de feu.

> 2008: 22 coups de feu en 8 incidents, sans compter l'affaire Villanueva.

> 2009: 5 incidents, 10 coups de feu.

Source: bilans annuels du SPVM