L'École nationale de police du Québec devrait allonger la formation des aspirants policiers pour leur permettre de mieux intégrer les notions théoriques et pratiques qu'on leur enseigne.



C'est ce que recommande la coroner Andrée Kronström dans un rapport publié lundi sur les causes et circonstances de la mort de l'agente Valérie Gignac, abattue en 2005 à Laval.

Le matin du 14 décembre, l'agente Gignac et son collègue sont intervenus au logement de François Pépin, à Laval-des-Rapides. Une voisine avait composé le 911 pour signaler qu'il était en crise. Les deux policiers connaissaient Pépin, qu'ils avaient arrêté dans les jours précédents pour une affaire de harcèlement.

Comme François Pépin refusait d'ouvrir la porte, Valérie Gignac a craint qu'une personne en danger se trouve à l'intérieur. Elle a donc donné un coup de pied dans la porte pour tenter de la défoncer.

Deux coups de feu ont retenti, dont l'un a atteint mortellement la policière de 25 ans. François Pépin a été arrêté et, en 2008, il a été condamné à la prison à vie sans possibilité de libération avant 12 ans pour meurtre non prémédité.

Technique dangereuse

La coroner Andrée Kronström reprend essentiellement les conclusions de la Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST), qui a publié un rapport en 2008. La CSST avait déterminé que la technique utilisée par les policiers était «inappropriée et dangereuse».

La CSST avait recommandé que l'École nationale de police du Québec (ENPQ) enseigne les techniques sécuritaires d'ouverture forcée de porte. La coroner Kronström va un peu plus loin: elle recommande à l'ENPQ «d'allonger le cours de formation des aspirants policiers». «Si on veut consacrer du temps à une autre notion, il faut penser à allonger le cours pour ne pas compresser la matière enseignée», a dit Andrée Kronström à La Presse, lundi.

L'ENPQ examine la possibilité d'intégrer les techniques d'ouverture forcée de porte, a dit lundi son directeur des communications, Pierre Saint-Antoine. Mais pour l'instant, l'école ne prévoit pas allonger la formation, qui dure 15 semaines.

«Avant de prendre une telle décision, il faut s'assurer qu'on n'a pas été capable d'enrichir le programme à l'intérieur de la durée de la formation», a dit M. Saint-Antoine.

Depuis 2007, la police de Laval enseigne à ses agents les méthodes d'enfoncement de porte et l'évaluation du risque, selon le sergent aux affaires publiques Simon Charette.

L'autre facteur: l'arme

Le fait que François Pépin possédait une carabine non enregistrée a également contribué au drame, selon la coroner Kronström. Il se l'était procurée en 2001 et l'avait déjà utilisée dans un champ de tir en Beauce, où il s'était vanté du fait que son arme pourrait traverser le gilet pare-balles d'un policier. «Pourquoi personne n'a avisé les autorités des comportements et propos inappropriés de M. Pépin?» écrit Andrée Kronström.

Depuis la tragédie du collège Dawson, note-t-elle, des changements ont été apportés à la loi pour permettre aux responsables de club de tir de signaler des comportements suspects aux policiers. Andrée Kronström recommande au ministère de la Sécurité publique de faire la promotion de ces nouvelles dispositions législatives.