Sortis libres et triomphants du procès pour le meurtre du jeune Raymond Ellis en raison de l'arrêt définitif du processus judiciaire, en janvier 2009, cinq hommes devront finalement répondre de leurs actes devant la justice.

La Cour d'appel, vendredi, a cassé la décision de la juge Sophie Bourque et ordonné que les cinq accusés, John Tsiamala, 25 ans, Ernso Théobrun, 31 ans, Evens Belleville, 26 ans, Cleveland Alexander Scott, 23 ans, et McClee Charles, 26 ans, aient un nouveau procès. Des mandats d'arrêt ont été lancés contre eux.

Les trois juges de la Cour d'appel, J.J. Michel Robert, François Doyon et Marie-France Bich, ont cependant imposé des règles pour le nouveau procès. Il se déroulera sans certaines preuves - une lettre, notamment - et avec un nouveau procureur de la poursuite. Me Louis Bouthillier, qui s'était attiré les foudres de la juge Bourque en raison des procédés qu'il avait utilisés pour démontrer qu'un témoin se parjurait, sera donc remplacé.

Ces remèdes devraient permettre un procès équitable, estime la Cour d'appel. La suspension définitive du processus qu'avait décrétée la juge Bourque, après quatre mois de procès, est une réparation draconienne réservée aux cas les plus graves, rappelle le plus haut tribunal de la province. «En réalité, l'ordonnance prononcée par la juge de première instance a toutes les apparences d'une punition infligée à la poursuite, ce que les règles de droit ne permettent pas», lit-on dans le jugement.

Victime innocente

Les cinq accusés, associés à un gang d'allégeance bleue, sont accusés du meurtre non prémédité de Raymond Ellis, 25 ans. Ce dernier, qui n'avait rien à voir avec les gangs, aurait été pris par erreur pour un rival lorsqu'il s'est présenté au bar Aria, la nuit du 23 octobre 2005. Les agresseurs, qui commémoraient justement l'assassinat d'un des leurs par un Rouge un mois plus tôt, se seraient mis à 50 contre 1, ne lui laissant aucune chance. Le jeune Ellis a été battu et poignardé à mort. Six hommes ont été accusés de ce crime, dont un, d'âge mineur, a été condamné au terme de son procès devant le Tribunal de la jeunesse.

Au procès des cinq autres, devant la juge Bourque, un témoin, Wilkerno Dragon, qui avait directement incriminé trois des cinq accusés dans des déclarations précédentes, est revenu sur ses propos. Me Bouthillier voulait démontrer que ce témoin s'était fait offrir 15 000$ pour se parjurer. On reproche au procureur d'avoir introduit en preuve une lettre dont l'admissibilité n'avait pas encore été décidée. On lui reproche aussi d'avoir demandé une suspension de procès pour quelques jours afin de mieux cibler son interrogatoire, alors que le but premier était de permettre à des agents d'infiltration de mener une opération en prison pour étayer la thèse selon laquelle Dragon avait été acheté.