Un gang d'allégeance bleue pourrait bien être responsable de l'attentat perpétré contre le salon funéraire Loreto, qui appartient à la famille Rizzuto.

L'un des trois hommes arrêtés dans cette affaire, Sounthone Chareunsouk, est connu des policiers comme un membre de ce gang de rue majeur, «actif dans le domaine des stupéfiants», a révélé, hier, la procureure de la Couronne, Me Véronique Beauchamp, lors de l'enquête sur la mise en liberté de l'accusé.

Les deux présumés complices de Chareunsouk, Julien Bourassa-Richer, 26 ans, et Alexandre Toualy, 27 ans, ont recouvré leur liberté plus tôt cette année. Le trio est accusé d'incendie criminel, de complot et de possession de matériel incendiaire.

Peu avant 1 h du matin, le 6 janvier, un agent de sécurité de l'entreprise Garda, embauché pour surveiller le salon funéraire, a vu deux personnes vêtues de noir sortir en courant du stationnement à l'arrière du bâtiment et monter dans un Jeep Cherokee noir. Il a noté le numéro de la plaque et a appelé le 911. Quelques minutes plus tard, des policiers qui patrouillaient dans le secteur ont intercepté le véhicule, conduit par Bourassa-Richer. Les vêtements de Toualy et Chareunsouk dégageaient une forte odeur d'essence, selon la preuve de la poursuite.

Les dommages au salon funéraire ont été minimes: une vitre fracassée et un tapis de caoutchouc brûlé. Interrogé par la police, Chareunsouk a dit: «Là, c'est mon case. J'assume, j'ai pas le choix.»

«Prêt à changer»

Chareunsouk, 30 ans, est celui qui a le dossier criminel le plus lourd des trois. Hier, il a admis être un «petit revendeur de drogue» mais, du même souffle, il a assuré au juge Denis Lavergne qu'il était «prêt à changer».

Chareunsouk, d'origine laotienne, a grandi dans une famille monoparentale très pauvre. Il s'exprime dans un langage de rue. «Ma famille n'est pas riche. Il fallait que je prenne des risques», a-t-il fait valoir au juge, qui avait parfois de la difficulté à le comprendre. Le fait que sa copine, qu'il fréquente depuis un an à peine, soit enceinte le motive à reprendre le droit chemin.

L'accusé, qui n'a jamais eu de «vrai emploi», a paru hésitant lorsque la Couronne lui a posé des questions sur sa future paternité. Il ne connaissait ni le mois prévu pour l'accouchement ni le sexe de l'enfant.

La mère de l'accusé, qui fait le ménage dans un restaurant, et sa soeur de 19 ans, caissière dans une épicerie, ont témoigné en sa faveur, même si elles ne l'ont pas vu depuis 5 ans. Elles sont prêtes à l'héberger et à s'engager à hauteur de 4000$. «Je voudrais que mon fils change de vie», a dit Viengthone Chareunsouk, dont le témoignage a été traduit du laotien au français par un interprète. «Sa famille n'est pas riche, s'il manquait à ses conditions, cela aurait de graves conséquences pour elle», a fait valoir pour sa part l'avocat de l'accusé, Me Alexandre Goyette. Le juge Lavergne rendra sa décision aujourd'hui.