Le délinquant sexuel Richard Graveline, 44 ans, trafiquant de crack surnommé Crash au centre-ville, vient d'être condamné une nouvelle fois pour avoir séquestré, battu et violé une femme.

«La violence exercée par l'accusé est telle que les femmes lui demandent de les tuer, puisque ce qu'elles vivent est insoutenable», souligne la juge Louise Villemure, qui l'a récemment déclaré coupable de 9 des 11 chefs d'accusation qui pesaient sur lui au palais de justice de Montréal.

La description des sévices qu'il a infligés à sa dernière victime donne froid dans le dos. La magistrate les a énumérés durant plus d'une heure au moment du verdict. Une fois au lit, Graveline avait pris l'habitude d'attacher la cheville de sa victime à la sienne à l'aide d'une ceinture. Si elle bougeait trop durant leur sommeil, il la brûlait avec un briquet.

«L'accusé exerce un contrôle sur ses conjointes avec une très grande brutalité. Par crainte que ses conjointes le trompent, il les séquestre. Le jour, elles l'accompagnent pour faire la livraison de drogue, le soir et la nuit, il les attache», a décrit la juge de la Cour du Québec.

La dernière victime du trafiquant se prostituait dans Hochelaga pour payer sa drogue. Séquestrée durant deux semaines en juillet 2009, elle a même sauté du second étage d'un immeuble pour tenter de s'enfuir. Graveline l'a toutefois rattrapée sur le trottoir.

C'est un autre trafiquant, le patron de Graveline, qui a libéré la femme lorsqu'il l'a trouvée couverte d'ecchymoses et de brûlures dans l'appartement du vendeur de drogue. Elle a été hospitalisée à Saint-Luc, où l'accusé a continué à la menacer en lui laissant des messages sur son cellulaire. Elle a si peur qu'elle dort encore aujourd'hui avec un couteau.

Lourds antécédents

L'homme de 44 ans, inscrit au registre des délinquants sexuels, a de nombreux antécédents judiciaires qui remontent à 1987. En 1997, il a été condamné à sept ans de prison pour avoir séquestré son ex-conjointe et l'avoir battue à coups de barre de fer. «Toute contrariété chez l'accusé amène des représailles», a relevé la juge Villemure.

Au cours du procès, qui s'est déroulé en septembre, la procureure de la Couronne, Me Rachelle Pitre, a fait témoigner cette ex-conjointe pour prouver le modus operandi de l'accusé.

Dans les deux cas, les femmes ont enduré de graves sévices. La première a dû boire de l'alcool à friction parce qu'elle «sentait mauvais». La seconde s'est fait enfoncer une cuillère dans l'oeil. La juge a d'ailleurs conclu à une «conduite systématique».

Pour sa défense, Graveline a soutenu qu'il n'avait jamais battu la plus récente victime. Selon lui, elle a lu dans des documents de cour ce qu'il avait fait subir à son ex-femme et s'en est inspirée pour inventer son récit. Il a avoué avoir été autoritaire avec les femmes dans le passé, mais a soutenu avoir changé. À ses yeux, la victime est une droguée qui lui a causé des problèmes en emménageant chez lui.

Mais la juge a estimé que, même si le témoignage de la victime comportait des faiblesses, il était honnête dans son ensemble. L'accusé, représenté par Me Hélène Poussard, doit retourner en cour la semaine prochaine pour les plaidoiries sur la peine.