Chénier Dupuy aura du temps pour réfléchir aux «règles de survie» du parfait gangster. Le trafiquant de drogue que la police soupçonne d'être à la tête du gang des Bo-Gars, dans le nord de Montréal, vient d'être condamné à six ans et demi de prison.

«Il est évident que l'accusé n'a nullement l'intention de se réhabiliter», a dit le juge Jean-Pierre Boyer, hier. Nous sommes en présence d'un récidiviste notoire chez qui les différentes sentences qui lui ont été imposées n'ont pas produit l'effet dissuasif recherché.»

En septembre 2008, trois jours après être sorti de prison pour une histoire de possession d'arme à feu, Dupuy, alias Big, a échappé à une tentative de meurtre au bar de danseuses Solid Gold. Un mois plus tard, la police de Montréal l'a arrêté à bord d'une Lexus dont le coffre contenait 2,3 kg de marijuana.

Les policiers ont trouvé chez lui une grande quantité de crack et, épinglées au mur, les «règles de survie» du parfait gangster. On y apprend que tout bon gangster doit payer ses impôts et ses contraventions. Il doit bien choisir son équipe («select le team») et donner 10% de ses revenus au propriétaire du bar qui lui permet d'écouler sa drogue ou de faire travailler ses danseuses. Il faut aussi prendre des vacances avec sa «pitoune» et «régler l'ordre dans le désordre».

L'homme de 34 ans a toujours nié être membre d'un gang de rue. Le juge Boyer estime que la Couronne a échoué à convaincre le tribunal que Dupuy est bel et bien membre du gang des Bo-Gars, même si des symboles propres à un gang ont été trouvés dans les effets personnels de l'accusé. Plus tôt, au procès, l'expert en gangs de rue de la police de Montréal, Jean-Claude Gauthier, avait décrit Dupuy comme le chef de ce gang de Montréal-Nord.

«Même si je ne conclus pas que l'accusé doit être considéré comme membre d'un gang de rue, il n'en demeure pas moins que son entourage n'est pas des plus recommandables», a souligné le magistrat. La Couronne réclamait une peine d'incarcération de huit ans, tandis que l'avocat de Chénier Dupuy, Me Serge Lamontagne, recommandait une peine d'un jour de prison compte tenu du temps que son client a passé en détention préventive. Incarcéré depuis plus de deux ans, Dupuy n'a plus que 20 mois à purger.