La rencontre «diplomatique» entre la présidente du Conseil du Trésor, Michelle Courchesne, et les représentants syndicaux des procureurs de la Couronne et des juristes de l'État, qui a eu lieu hier, a porté ses fruits. Les parties s'engagent dans un blitz de négociations à compter d'aujourd'hui.

Le président de l'Association des procureurs aux poursuites criminelles et pénales, Me Christian Leblanc, a qualifié la rencontre de «positive», hier, insistant sur le fait que tout le monde était désormais de «bonne foi».

«On a convenu d'entrer dans un blitz de négociations pour tenter de dénouer l'impasse. On se fait à nouveau mutuellement confiance pour arriver à une entente négociée», a-t-il expliqué. Me Leblanc a refusé d'entrer dans les détails du contenu de la rencontre pour ne pas nuire aux négociations qui reprendront à compter d'aujourd'hui à Montréal.

La ministre Courchesne abondait dans son sens. «Nous avons eu une rencontre importante (hier), une rencontre positive. Le blitz de négociation commence (ce matin). Nous sommes satisfaits, le lien de confiance est rétabli», a-t-elle indiqué à La Presse hier en début de soirée.

Ces propos du président de l'Association des procureurs contrastent avec ceux tenus la veille, lorsqu'il dénonçait en conférence de presse la faible volonté du gouvernement Charest de négocier. Les procureurs et les juristes de l'État s'étaient pratiquement résignés à retourner au travail sous le coup d'une loi d'exception. Ils parlaient d'une «impasse totale» dans les négociations.

Reports et acquittements

Quelque 450 procureurs de la Couronne et 1000 juristes de l'État sont en grève depuis le 8 février, ce qui cause de nombreux reports de causes, et même des acquittements, dans les palais de justice du Québec.

Depuis le début de la grève, il y a eu cinq cas d'acquittement relatifs au conflit de travail, selon un décompte du Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) - le patron des procureurs québécois.

Le plus récent est survenu, hier, en Chambre de la jeunesse de la Cour du Québec à Mont-Laurier. Un adolescent accusé au pénal d'excès de vitesse a été acquitté par un juge, faute de procureurs disponibles. «Le père du jeune homme a insisté pour que cela procède, même si ce dernier était en liberté et que ce n'est pas couvert par les services essentiels, alors le juge l'a acquitté», a expliqué à La Presse, Me Martine Bérubé, porte-parole du DPCP.

Plus tôt en journée hier à la période des questions de l'Assemblée nationale, Michelle Courchesne avait invité les procureurs et juristes de l'État à négocier, mais selon certaines conditions. «Notre volonté n'a pas changé, disait-elle à la Chambre. Nous sommes toujours disponibles (à négocier), en tout temps. Ils (les procureurs) le savent et nous les réinvitons ardemment cette fois à discuter des conditions de travail, pas des principes d'arbitrage. Et j'ai bon espoir encore aujourd'hui que nous y arriverons.»

Les procureurs et les juristes réclament un rattrapage salarial d'environ 40% et des effectifs supplémentaires. Ils soutiennent être parmi les moins bien payés au Canada.