Le chef du gang de la rue Pelletier, Bernard Mathieu, alias Ti-Pon, sera bientôt libre, même si la Commission nationale des libérations conditionnelles n'est pas convaincue qu'il ait fait beaucoup de progrès depuis son incarcération.

«Vous tendez à vous déresponsabiliser de l'ensemble des crimes commis, minimisant votre implication et l'envergure de vos crimes», écrivent les commissaires dans une décision rendue plus tôt cette semaine.

L'homme de 39 ans est le premier chef de gang de rue à avoir été reconnu coupable de gangstérisme au Canada. Il sortira de prison le 21 avril prochain après avoir purgé la moitié de sa peine. Il bénéficiera alors d'une libération d'office.

Il s'est bien conduit en prison, mais il n'a participé à aucune démarche thérapeutique, soulignent les commissaires. Il était le «représentant des minorités ethniques» de son pavillon de détention, notent-ils tout de même en sa faveur.

Un gang «neutre»

L'homme de 39 ans dirigeait un prolifique réseau de trafic de stupéfiants à Montréal-Nord. Ses soldats vendaient de la cocaïne importée d'Haïti en face d'une école secondaire. Son gang était «neutre», c'est-à-dire qu'il faisait affaire autant avec des gangs d'allégeance rouge qu'avec leurs ennemis, les Bleus.

À sa sortie de prison, Bernard Mathieu compte réactiver les trois entreprises légitimes qu'il possédait avant son arrestation en 2004. Ses entreprises de cellulaire, d'automobiles et de sécurité étaient toutes enregistrées à la même adresse: un logement de Montréal-Nord.

La Commission nationale des libérations conditionnelles lui a imposé des conditions particulières. Elle lui a permis d'aller vivre chez un proche, mais il devra fournir un état de ses revenus deux fois par mois. Il n'aura pas le droit de posséder d'appareil de télécommunication, ce qui rend son projet de rouvrir son entreprise de cellulaires logiquement impossible.

«Vous représentez un potentiel de violence non négligeable» et un risque «modéré» de récidive, soulignent également les commissaires, en raison du milieu criminel dans lequel il baignait.

«Vous êtes reconnu comme un joueur actif sur l'échiquier montréalais, notamment par vos pairs et vos rivaux», écrivent les commissaires.

En juin dernier, une mesure d'expulsion a été prononcée contre ce résident permanent originaire d'Haïti, arrivé à Montréal à l'âge de 8 ans avec sa famille. Il conteste cet ordre de renvoi pour grande criminalité devant les tribunaux. Même s'il n'obtient pas gain de cause, il ne sera pas expulsé immédiatement puisque les expulsions vers Haïti sont suspendues depuis le tremblement de terre.