Expulsé du Canada il y a plus de trois ans, l'imam Saïd Jaziri vient de demander l'asile aux États-Unis, a-t-on appris. Il n'a toutefois pas abandonné l'espoir de revenir au Canada, puisque son avocat montréalais entend présenter une requête en Cour fédérale.

L'imam Jaziri, dont l'expulsion avait fait les manchettes en 2007, a quitté son pays natal, la Tunisie, au cours de la récente révolution pour se rendre aux États-Unis, où il a présenté une demande d'asile, confirme sa femme, la Montréalaise Nancy-Ann Adams.

Selon ce qu'a appris La Presse, l'imam serait arrivé aux États-Unis le 11 janvier en voiture, par la frontière mexicaine, après avoir transité par plusieurs pays d'Amérique latine. Des détails que Mme Adams ne peut pas confirmer: «La seule chose que je puisse dire, c'est qu'il est aux États-Unis.»

Connu pour ses propos controversés, l'imam Jaziri a passé 10 ans à Montréal comme réfugié politique. Il a été renvoyé en Tunisie en 2007 parce que, selon la Commission de l'immigration du Canada, il avait menti au moment de son arrivée au pays. Pour éviter l'expulsion vers la Tunisie, où il se disait en danger, Saïd Jaziri avait alors multiplié les démarches. En vain.

L'avocat montréalais de Saïd Jaziri, Julius Grey, n'a pas abandonné les recours pour faire revenir son client au Canada: «Nous avons l'intention de présenter une requête en Cour fédérale pour contester le dernier refus de l'immigration, pour qui M. Jaziri est toujours inadmissible malgré la présence de sa femme à Montréal.»

Mère de trois enfants, dont deux nés d'une précédente union, Nancy-Ann Adams vit difficilement cette séparation d'avec son mari. Son fils cadet, né quelques semaines après le départ de M. Jaziri pour la Tunisie, n'a pu que rarement voir son père. «Je n'ai pas repris le travail depuis le départ de mon mari et on vit avec très peu de moyens, a expliqué Mme Adams, dont l'état de santé est précaire. Et tant que Saïd ne reviendra pas, cela ne s'améliorera pas.»

La récente révolution tunisienne ne portera pas ombrage à la demande d'asile de M. Jaziri, selon Mme Adams. «Avec le dossier de réfugié aux États-Unis, on a espoir que ça avance plus rapidement. Je m'accroche à ça, dit-elle. La famille ne peut pas tenir longtemps comme ça. J'ai crié au secours partout. J'espère que ce sera entendu.»