Afin de forcer Alain Perreault à avouer son crime, les autorités policières ont procédé à l'élaboration de 41 scénarios visant à obtenir ses confidences. Voilà ce qui a été dévoilé hier au palais de justice de Québec, où se tient le procès de l'homme soupçonné d'avoir tué Lyne Massicotte, une femme de Chambly qu'il a rencontrée en 2003.

La cour a pu entendre, hier, le témoignage de l'agent d'infiltration qui a dirigé l'opération «Mister Big», qui visait à amener Alain Perreault à se mettre à table. La stratégie de l'opération consistait à lui faire croire qu'une organisation criminelle souhaitait le recruter. Au fil du temps, l'accusé a avoué son crime au patron du groupe.

Robert (prénom fictif) est l'agent d'infiltration qui a côtoyé Perreault le plus souvent au cours de l'opération Mister Big. L'agent primaire a été présent dans 39 des 41 scénarios concoctés pour pincer l'individu aujourd'hui accusé de meurtre prémédité. L'objectif de Robert consistait à véhiculer les valeurs de la fausse organisation criminelle: honnêteté, loyauté et confiance. On voulait amener Perreault à relater avec sincérité ce qui était arrivé à Lyne Massicotte lorsqu'on le lui demanderait.

L'un des scénarios les plus déterminants s'est déroulé le 16 décembre 2009. Robert s'est adjoint les services de Perreault pour aller rencontrer une patronne d'agence d'escortes pour récolter sa redevance mensuelle. La femme leur dit toutefois qu'elle s'était fait voler par l'une de ses filles, qui se trouvait à ce moment dans un motel de Laval. Les deux hommes s'y rendent, mais seul l'agent va régler le cas de la voleuse. Lorsqu'il sort de la chambre, il a du sang sur les mains. «Si ça n'avait été que moi, je l'aurais jetée dans le fleuve!» lance-t-il à Perreault, qui prend les clés pour récupérer l'argent dans le coffre d'une voiture. Le scénario visait à démontrer à Perreault que l'agent n'était nullement gêné par la violence faite aux femmes.

L'opération d'infiltration a duré trois mois et demi. Le policier qui a livré son témoignage, hier, n'était pas en mesure d'en préciser les coûts. Il a toutefois été possible d'apprendre qu'une somme de 14 000$ a été versée à l'accusé à titre «d'indemnité» pour son travail auprès de la prétendue organisation. S'il a dit ignorer combien a coûté l'ensemble de l'opération à laquelle une vingtaine d'agents d'infiltration ont participé, le responsable a répondu qu'il n'y avait pas de limite à son budget.

Les aveux de Perreault ont eu lieu dans un hôtel de Trois-Rivières en prévision d'un «grand coup» que la pseudo organisation criminelle projetait de commettre. Le grand patron voulait savoir exactement ce que l'accusé avait fait, le 17 juillet 2003, lorsque la victime de 43 ans s'était rendue chez lui. Une fois les informations obtenues, le patron a décidé que Perreault et deux autres de ses hommes iraient effacer les traces. Bien que leurs recherches n'aient débouché sur rien, on a procédé à l'arrestation de Perreault. Lyne Massicotte a été vue pour la dernière fois en juillet 2003. La femme avait rendez-vous dans la région de Québec avec l'accusé, qu'elle avait rencontré sur l'internet. Le corps de Mme Massicotte n'a jamais été retrouvé.

Selon La Presse Canadienne et Le Soleil