Le feuilleton judiciaire de l'ex-policier Michel Usereau se poursuivra l'automne prochain, avec la tenue de son troisième procès pour le meurtre de Jean-Jacques Melkonian, survenu il y a presque 10 ans.

C'est ce qu'on a appris hier, au palais de justice de Montréal, alors qu'on fixait les dates des procès aux assises. Emprisonné depuis son arrestation, en septembre 2002, Usereau a été condamné à l'automne 2005, au terme de son deuxième procès pour le meurtre prémédité de M. Melkonian. Mais, en mai dernier, la Cour d'appel a cassé le verdict en raison de certains commentaires que le procureur de la Couronne avait faits, et a ordonné que l'homme de 43 ans ait un nouveau procès. La Couronne a tenté de faire casser la décision en Cour suprême, mais le plus haut tribunal du pays a annoncé le 23 décembre dernier qu'il refusait d'entendre la cause.

Hier, l'ex-policier de Sainte-Thérèse, qui dirigeait une agence de sécurité (Excel) au moment du crime, s'est présenté dans le box des accusés en complet cravate. Son avocat, Me Marc Labelle, et le procureur de la Couronne, Louis Bouthillier, se sont mis d'accord pour que le procès de cinq semaines ait lieu à partir du 31 octobre prochain. Usereau pourrait tenter d'obtenir sa mise en liberté d'ici là.

Capuchon et ADN

Le crime pour lequel Usereau sera jugé de nouveau est survenu le soir du 20 mars 2001, alors que la victime, Jean-Jacques Melkonian, 29 ans, et sa conjointe, Stéphanie Fragman, dans la vingtaine aussi, s'apprêtaient à rentrer chez eux, rue Drolet. Un agresseur vêtu d'un anorak à capuchon et dont le visage était caché par un foulard a surgi et a tiré sur M. Melkonian, qu'il a atteint mortellement. Mme Fragman s'est ruée sur l'agresseur et a réussi à lui arracher son capuchon. Elle a été frappée à coups de pied et atteinte d'un projectile à l'épaule, mais elle a heureusement survécu.

Personne n'ayant pu identifier le tireur, le capuchon est devenu la clé de l'affaire puisqu'on y a trouvé de l'ADN. Sur la foi de cette preuve, Usereau a été arrêté un an et demi après le crime. Selon la Couronne, Usereau avait voulu éliminer un concurrent qui lui ravissait des clients dans le milieu des agences de sécurité.

Au procès, Usereau a reconnu que le manteau lui appartenait, mais il a fait valoir qu'il se l'était fait voler avant le crime. Il a aussi soutenu, comme alibi, qu'il se trouvait avec son ex-conjointe au moment du crime, commis le jour de son anniversaire, le 20 mars. Il avait tout de même été déclaré coupable.

Suicide d'un policier

Rappelons enfin que le premier procès d'Usereau avait avorté après six jours en janvier 2005, en raison du suicide de l'enquêteur au dossier, Denis Matteau. Ce dernier s'est enlevé la vie avec son arme de service, la veille du jour où il devait témoigner dans le procès d'Usereau. Il se reprochait une erreur, apparemment.