«Je n'avais pas de casque. On roulait très vite en ski-doo et j'ai dit à papa que j'avais peur, qu'on roulait trop vite, de ralentir. Pis là, il a frappé le ski-doo de François. Pis moi, j'ai revolé sur la glace.»

C'est dans ces mots que la fillette de 8 ans, gravement blessée dans un accident de motoneige le 3 janvier à Mascouche, a raconté le drame aux policiers.

L'enquêteur Richard Morin a lu la déclaration de la jeune victime, mardi, lors de l'enquête sur la mise en liberté de son père au palais de justice de Joliette. Au terme de l'audience, le père, accusé de négligence criminelle et de conduite dangereuse, a été libéré sous de sévères conditions.

La fillette a dit à la police que les motoneigistes s'étaient perdus sur le chemin du retour, vers 2h du matin. Arrivée à la maison, elle aurait demandé à son père d'aller à l'hôpital parce qu'elle avait «beaucoup, beaucoup mal». «Et papa m'a dit non que ça allait bien aller», a-t-elle raconté à la policière venue l'interroger dans sa chambre à l'hôpital Sainte-Justine.

Pourtant, la fillette saignait du nez et vomissait du sang, selon les déclarations de plusieurs témoins. Les médecins lui ont diagnostiqué des fractures du crâne, de la mâchoire et d'un os près de l'oeil.

L'autre motoneigiste impliqué - l'ami à qui le père avait rendu visite - était lui aussi dans un piteux état. L'homme, qui souffre d'une fracture du crâne, aurait perdu connaissance après l'impact, selon la déclaration de son fils, qui était présent lors de la balade en motoneige.

Personne n'est allé à l'hôpital cette nuit-là. Ce n'est qu'à 17h le lendemain, qu'ils s'y sont rendus. La fille du motoneigiste blessé aurait fortement insisté pour qu'ils y aillent, a indiqué l'enquêteur Richard Morin.

Aux urgences de l'hôpital Pierre-Le Gardeur, le père aurait dit que sa fille était tombée sur la glace. L'autre motoneigiste aurait dit la même chose, selon Richard Morin.

Dans la salle d'attente, la fillette aurait demandé à son père si elle pouvait «dire la vérité à maman». «Le monsieur aurait répondu: «On l'a dit tantôt, tu es tombée sur la glace»», a relaté Richard Morin, qui se basait sur la déclaration de la mère.

La petite a finalement confié à sa mère qu'elle avait eu un accident de motoneige et que son père avait consommé de la bière. La mère a posé des questions au père le soir même dans la salle d'attente, et ce dernier lui a avoué la vérité.

Dans sa déclaration aux enquêteurs, l'accusé a reconnu qu'il avait déjà souffert de problèmes de consommation dans le passé et qu'il n'avait pu réprimer sa tentation de boire. Il a déclaré avoir bu «une bière et un peu de vin rouge» le soir du drame.

Le juge Jean Roy a accepté mardi de libérer l'accusé pendant son procès. «Le juge décidant de la mise en liberté doit respecter la présomption d'innocence et se garder d'imposer une sentence par anticipation, peu importe la gravité du crime en question», a dit le magistrat.

Le père de famille, qui réside à Pointe-aux-Trembles, devra respecter plusieurs conditions. L'homme de 36 ans devra notamment éviter tout contact avec ses deux filles et son ex-conjointe, respecter un couvre-feu, s'abstenir de consommer de l'alcool et assister à des rencontres des Alcooliques anonymes au moins une fois par semaine.

L'accusé, qui travaille comme technicien en sinistres, a gardé les yeux baissés pendant que le juge rendait sa décision. Il sera de retour devant le juge le 8 mars.