Le calvaire des documentaristes montréalais qui ont passé Noël dans une prison mauritanienne n'est pas fini, mais leur situation s'améliore, assure leur avocat.

L'accusation la plus grave qui pesait sur Stéphane Lapierre et Urs Jakob, celle d'espionnage, a finalement été abandonnée par la justice de ce pays ouest-africain. Les deux hommes doivent maintenant se défendre d'avoir aidé l'immigration clandestine et d'avoir filmé sans autorisation.

«L'accusation d'espionnage avait été formulée par la police, mais le juge d'instruction ne l'a pas retenue, a expliqué hier leur avocat en Mauritanie, Oumar Mohamed Moctar. C'était une accusation tombée du ciel.»

Les deux Montréalais étaient en Mauritanie pour tourner un documentaire sur l'immigration illégale quand ils ont été arrêtés, le 20 décembre. Après 10 jours passés dans un commissariat, puis dans une prison de la capitale, Nouakchott, ils ont finalement été relâchés après le paiement d'une caution.

Privés de leur passeport, ils doivent rester dans le pays en attendant qu'un juge d'instruction décide si un procès aura lieu. Selon Me Oumar, ses clients ont de bonnes chances de rentrer sous peu.

«Les deux accusations qui ont été retenues sont faibles. Il s'agit d'une méprise et les enquêteurs sont en train de s'en rendre compte. On demande que le juge d'instruction décrète un non-lieu. Ça pourrait aller très vite, dès cette semaine. Je suis confiant.»

Le documentaire que tournaient les Montréalais devait raconter le parcours de clandestins maliens qui utilisent les côtes mauritaniennes pour rejoindre l'Espagne sur des bateaux de fortune. Des Maliens en situation illégale auraient d'ailleurs été appréhendés en même temps que les documentaristes, selon plusieurs agences de presse. La défense des Montréalais tente actuellement de démontrer qu'ils n'aidaient pas les Maliens en documentant leur voyage.

Anniversaire loin des siens

Stéphane Lapierre est un cameraman québécois qui a notamment travaillé pour MusiquePlus et TQS. Le réalisateur du documentaire, Urs Jakob, est quant à lui un citoyen américain qui réside en partie à Montréal.

«J'ai bon espoir qu'ils seront libres bientôt, a indiqué la compagne de Stéphane Lapierre, Martine Adam. Mais tant que ce n'est pas fait, je ne me réjouis pas trop: la situation est loin d'être réglée.»

Martine Adam a déploré hier le manque de chance de son conjoint: «Stéphane devait quitter le pays le 22 décembre, seulement deux jours après avoir été arrêté. C'est fou.»

Une quinzaine de jours plus tard, il est toujours en Mauritanie. Tout indique qu'il y sera encore demain, jour de son anniversaire. «Il va fêter ses 40 ans là-bas. Rien que d'y penser, ça me donne envie de pleurer...»