Vincenzo Pizzi a dit aux policiers avoir poignardé ses deux voisins pour se «défendre», parce qu'il a été «poussé à bout» et parce qu'il a «perdu la boule».

C'est ce qu'a relaté, mercredi, le détective Nicolas Cloutier lors de l'enquête sur la mise en liberté de Vincenzo Pizzi au palais de justice de Joliette. Au terme de l'audience, le juge Maurice Parent a refusé de le libérer, invoquant la gravité des accusations.

À la demande de la Couronne, le détective Nicolas Cloutier a lu au juge la déclaration que Vincenzo Pizzi a faite aux policiers après son arrestation, samedi à Mascouche. L'homme de 48 ans est accusé de voies de fait parce qu'il est suspecté d'avoir poignardé ses voisins Pierre St-Onge et Jocelyn Mathieu, avec qui il entretenait une relation orageuse.

«J'ai perdu la boule, bro, a déclaré Pizzi aux policiers. St-Onge, depuis que je suis déménagé, il me cherche. (...). Les flats sur mon char à matin, c'est too much». Le jour du drame, Pizzi avait constaté que deux pneus de la voiture de sa femme avaient été crevés.

Dans sa déclaration, l'accusé a aussi soutenu que ses deux voisins lui avaient «foncé dessus» dans le garage de Jocelyn Mathieu et qu'ils lui avaient «pété l'épaule». Vincenzo Pizzi prétend avoir saisi un couteau qui «traînait» au sol pour «se défendre». «J'ai frappé avec ça, a-t-il dit. J'ai perdu la boule, bro. Ils m'ont poussé à bout.»

Dans la salle d'audience, la femme de Pierre St-Onge, Micheline Tremblay, hochait la tête, visiblement sceptique à l'énoncé de la version de l'accusé. Selon la version de la police, Pizzi aurait plutôt sorti le couteau de la poche droite de son manteau.

Par ailleurs, le matin du drame, Jocelyn Mathieu soutient avoir entendu Vincenzo Pizzi lui crier: «Ton temps est compté, vous allez tous payer».

Pizzi restera en prison

Le juge Maurice Parent a refusé de remettre Vincenzo Pizzi en liberté d'ici la tenue de son procès. «On est en présence d'un crime commis dans la plus parfaite irrationalité», a déclaré le magistrat, qui estime que sa mise en liberté menacerait la sécurité des victimes et minerait la confiance du public envers l'administration de la justice.

L'avocat de Pizzi, Robert Francis, n'a pas caché sa déception à la sortie de la salle d'audience. Son client était prêt à vivre à Montréal pendant la tenue du procès et sa femme, Donata Furino, proposait de verser une caution de 20 000$.

«Mon client est la victime dans cette histoire, a dit Me Francis. Il y a eu du harcèlement depuis un an et demi. Mon client et sa famille se sentaient toujours menacés et les deux voisins leur faisaient toujours une mauvaise réputation.»

Robert Francis entend maintenant entamer des démarches pour que son client ait accès à du cannabis en prison. Vincenzo Pizzi, qui souffre de douleurs chroniques depuis un accident de voiture en 1984, possède un permis pour faire pousser du cannabis. Pendant l'audience, Pizzi s'est plaint qu'il ne mangeait pas, ne dormait pas et ne voulait «même plus vivre» depuis qu'il ne prenait plus ses médicaments.

Les proches de Pierre St-Onge affichaient, pour leur part, un large sourire en quittant le palais de justice. «S'il sortait, on était en danger», a résumé le gendre de St-Onge, Pascal Allard.

Nouvelle accusation

Par ailleurs, une nouvelle accusation de harcèlement criminel a été portée, mercredi, contre Vincenzo Pizzi. Pierre St-Onge avait déposé une plainte contre son voisin en novembre, affirmant que Pizzi lui avait fait le signe d'égorgement avec sa main en passant devant chez lui.

D'autres accusations pourraient éventuellement être portées contre Pizzi, selon la procureure de la Couronne, Geneviève Rondeau-Marchand. L'enquête policière se poursuit.

La police de Mascouche a également soumis au procureur un dossier contre Pierre St-Onge relativement à une plainte déposée en novembre par Vincenzo Pizzi. St-Onge aurait pointé son fusil de chasse vers la maison des Pizzi. Il reviendra au procureur en chef de décider de porter ou non des accusations dans ce dossier.

Vincenzo Pizzi sera de retour en cour le 9 février pour la suite des procédures.