Edens Kenol, accusé du meurtre prémédité de son ex-conjointe, simule-t-il la folie pour éviter d'être condamné? C'est en tout cas l'une des hypothèses du dernier psychiatre qui a évalué l'homme de 34 ans pour déterminer s'il est apte à comparaître devant la Cour.



Pour y voir clair, le psychiatre Pierre Rochette a recommandé au tribunal d'obliger l'accusé à suivre un traitement psychiatrique de deux mois à l'Institut Philippe-Pinel. «L'accusé ne se souvient de rien. C'est un peu suspect», a indiqué le procureur de la Couronne, Jacques Dagenais, au juge Claude Millette, mardi, au palais de justice de Montréal. Le juge Millette a accédé à la demande de la poursuite.

Mardi, menottes aux poignets, Kenol s'est présenté dans le box des accusés, l'air confus, le regard vide. Trois proches de la victime, Marie Altagracia Dorval, ont tenu à assister à l'audience. «On est certains qu'il joue au fou; on le connaît», a dit l'un d'eux à sa sortie du tribunal.

«Le second psychiatre qui l'a évalué, de même que le premier, n'est pas certain qu'il n'y ait pas de simulation dans son comportement. L'accusé ne répondait pas aux questions. Il ne collaborait pas du tout», a précisé Me Dagenais. Dans son rapport, le psychiatre Pierre Rochette conclut que Kenol pourrait souffrir d'un trouble psychotique non spécifique.

Kenol recevra donc un traitement médical susceptible d'améliorer son état, s'il est bel et bien malade. S'il ne réagit pas aux médicaments, les soupçons de simulation seront renforcés. «Si quelqu'un continue à simuler, il sera détenu indéfiniment dans une prison-hôpital», a expliqué la poursuite aux médias.

Techniquement, Kenol n'a toujours pas comparu puisque les psychiatres ne sont pas parvenus à déterminer s'il est apte à avoir son procès.

Lors de son dernier passage en cour, en octobre dernier, Kenol était agité et désorienté. Il a répété qu'il voyait des «abeilles» et qu'il avait peur de se faire piquer. Il se frappait le visage en murmurant: «Ne fais pas ça.» Son avocat, Daniel Couture, avait alors demandé une évaluation psychiatrique.

Enquête interne

Rappelons que, six jours avant d'être assassinée, Marie Altagracia Dorval, 28 ans, a porté plainte contre son ex-conjoint pour harcèlement et violence.

Le travail de la police de Montréal dans ce dossier a été vivement critiqué, si bien que cette dernière a annoncé qu'elle ouvrirait une enquête interne pour faire la lumière sur les «délais inexplicables» dans le traitement de la plainte. Au même moment, le ministre de la Sécurité publique du Québec, Robert Dutil, a demandé au commissaire à la déontologie policière de se pencher sur cette affaire.

Marie Altagracia Dorval a été poignardée à mort dans la nuit du 16 au 17 octobre dans son appartement de Montréal-Nord. Kenol a été accusé de meurtre prémédité le lendemain.