Les membres des Outlaws, un gang de rue majeur de la métropole, ont affiché fièrement leurs couleurs pendant des années. Ils possédaient des chandails et même des pendentifs à leur effigie.

Ce détail, qui en dit long sur le niveau d'organisation du gang de rue, a été dévoilé au procès de Marvin Corbin, alias Fox ou Joe Black, qui se déroule ces jours-ci au palais de justice de Montréal.

Cela leur a joué un mauvais tour. Les enquêteurs du projet Satellites s'en sont servis pour faire la preuve que le chef du gang, Roy Haynes Jr, et ses lieutenants faisaient du trafic de drogues au profit d'une organisation criminelle.

Un chandail avec les inscriptions «Downtown Outlaw 1» et «OL» a notamment été saisi chez Corbin, considéré comme le garde du corps de l'organisation, a expliqué l'enquêteur David Shane de la Division du crime organisé du Service de police de la Ville de Montréal, lors de son témoignage, hier, au procès.

L'homme de 35 ans est inculpé de gangstérisme, de trafic de crack et de possession non autorisée d'une arme à feu.

Marvin Corbin est le seul membre présumé des Outlaws à ne pas avoir coupé court au processus judiciaire. Le chef du gang, Roy Haynes Jr, alias Capone, s'est reconnu coupable de trafic de drogues et de gangstérisme, notamment.

Les lieutenants de l'organisation, Ishi Samuels, Keith Samuels, Randall Riley et Jason Fraser, ont écopé d'entre quatre et six ans d'emprisonnement. Les patrons des vendeurs de rue, Delroy Munroe et Domenico Giannelli, ont été envoyés à l'ombre pour les cinq prochaines années. Leur fournisseur de cocaïne, Kenneth Lee Yip, qui possédait un dépanneur à Brossard, a été envoyé en prison pour six ans.

Le réseau de trafiquants écoulait de 1 à 2 kg de cocaïne et de crack par mois dans le sud-ouest de la Ville. L'enquête de la police de Montréal, qui a commencé en novembre 2006, a duré deux ans. La division du crime organisé n'a pas lésiné sur les moyens: elle a eu recours à des agents d'infiltration, à de l'écoute électronique et à de la filature pour bâtir la preuve. Durant l'enquête, la police a même installé cinq caméras pour filmer à leur insu les accusés, notamment à la principale cache de drogues des Outlaws, rue Jeanne-Mance.

L'opération Satellites s'est conclue le 28 mai 2008 avec l'arrestation des suspects et de nombreuses perquisitions dans différents appartements loués par le gang.