La police de Montréal veut se rapprocher de la communauté et maintenir sa pression sur le crime organisé, a annoncé vendredi son directeur Marc Parent, en marge du dépôt des prévisions budgétaires et grandes orientations stratégiques pour 2011.

Avant de rencontrer les médias, le directeur Parent, élu il y a quelques mois, a présenté son budget en matinée devant la Commission de la sécurité publique, à l'hôtel de ville.

Pour 2011, le Service de police de la Ville de Montréal prévoit des dépenses de 629 millions de dollars. Les dépenses prévues connaîtront une hausse de 5% et les revenus une baisse de 19%. M. Parent dit vouloir recentrer la mission du SPVM sur ses priorités naturelles, soient la lutte contre le crime organisé, les crimes violents, la violence conjuguale et la sécurité routière, tout en laissant de côté certaines activités non traditionnelles, qui généraient des revenus. La commercialisation des services, comme par exemple la participation de policiers à des tournages, à des tâches spécifiques ou à des escortes de fardiers, sera réévaluée. «La violence conjuguale, on l'oublie, représente près de 30% des crimes contre la personne», a souligné le directeur, pour justifier ce changement de cap.

Aucune perte d'emploi n'est prévue et une permanence sera accordée à 150 policiers temporaires.

Proche du milieu communautaire, M. Parent veut continuer à tendre la main aux organismes et divers partenaires, dans l'espoir, dit-il, d'augmenter le sentiment de sécurité et la qualité de vie des Montréalais. «La criminalité évolue sans arrêt, nous avons besoin de divers acteurs pour s'y attaquer, par exemple l'Autorité des marchés financiers dans les cas de fraude», a souligné M. Parent.

Les nombreux incidents violents liés à la mafia italienne survenus ces deux dernières années forcent le SPVM à maintenir la lutte au crime organisé en tête des priorités. Le directeur a cité en exemple l'opération policière de la veille, qui s'est soldée par le démantèlement d'un réseau de trafiquants actifs dans une douzaine de cafés italiens du nord-est de la métropole.

Les nombreuses attaques au cocktail Molotov dans des cafés italiens et les assassinats de plusieurs membres du clan Rizzuto, dont ceux du parrain Nicolo Rizzuto et de son petit-fils Nick, illustreraient l'instabilité qui règne actuellement dans la mafia montréalaise.

Marc Parent refuse toutefois d'avancer qu'une guerre éclate présentement au sein de la mafia. «On voit du mouvement, une prise du marché, mais on s'en occupe», a assuré le directeur.

Résolution de crimes

Le président de la Fraternité des policiers et policières de Montréal, Yves Francoeur, s'est réjouit du réalisme du budget et de la priorité accordée aux opérations sur le terrain.

Le syndicat a toutefois dénoncé la faiblesse du taux de résolution de crimes du SPVM comparativement à d'autres villes canadiennes, imputable selon lui au sous-financement. «Selon statistiques Canada, la police de Montréal résout 28,4% des crimes, contre 39,7% à Toronto», rapporte M.Francoeur.

Outre le manque d'effectifs, la FPPM déplore aussi le manque de ressources. «Nous avons un ordinateur par 12 à 15 policiers dans nos centres opérationnels, nos walkies-talkies sont désuets depuis 10 ans et notre nouveau système informatique nous empêche d'avoir un portrait exact de la criminalité», a énuméré Yves Francoeur.

-Avec PC

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