Pascal Beaudoin entretenait des pensées de meurtre avant de tuer un homme pour vrai, le 15 octobre 2007. En raison de son haut potentiel de dangerosité, l'homme de 37 ans ne pourra être admissible à une libération conditionnelle avant d'avoir purgé 18 ans de sa peine de prison à perpétuité, a tranché le juge Jerry Zigman, hier, à Montréal.

«Le tribunal est d'avis que Pascal Beaudoin se perçoit comme un maître manipulateur intelligent. En réalité, il n'est rien d'autre que quelqu'un qui est hautement criminalisé et qui représente un réel danger pour la société», a noté le juge, en rendant sa décision.

Le 2 octobre dernier, Beaudoin a été déclaré coupable par un jury du meurtre non prémédité de Robert Ness. Ce type de crime entraîne automatiquement la prison à vie, mais le juge doit déterminer le temps que devra purger l'accusé avant d'être admissible à une libération conditionnelle. Cette période va de 10 à 25 ans.

Dans la présente affaire, M. Ness, 62 ans, a été trouvé mort dans son lit, le 15 octobre 2007, dans le logement qu'il occupait rue Notre-Dame Ouest, juste au-dessus de sa boutique d'antiquités. M. Ness avait le visage et le cou entourés de plusieurs tours de ruban adhésif très solide (duct tape). Il est mort étouffé par sa propre langue parce que le ruban autour de sa bouche était extrêmement serré. Plusieurs objets manquaient dans le logement. De l'ADN dans des vomissures de la cuvette de la salle de bain de même que sur certains objets retrouvés dans le logement de la victime a permis à la police de remonter jusqu'à Beaudoin. Ce dernier a été arrêté 13 mois plus tard alors qu'il purgeait une peine pour d'autres crimes.

Au procès, il a été établi que M. Beaudoin avait soupé au restaurant avec M. Ness le soir fatidique et qu'ils se sont rendus chez ce dernier par la suite. Il arrivait à M. Ness, homosexuel, de ramener des jeunes hommes à la maison. Le lendemain du crime, Beaudoin est allé revendre des objets dérobés à la victime chez un autre antiquaire.

Dans cette affaire, le procureur de la Couronne, Louis Bouthillier, a demandé de fixer la période d'incarcération obligatoire à 20 ans tandis qu'en défense, Me Marie-Josée Bellemare a suggéré le minimum, soit 10 ans. Pour calibrer la peine, le juge a tenu compte de son passé.

Beaudoin est un homme violent, même en prison. Jusqu'ici, il a purgé deux peines fédérales de deux ans, pour lesquelles il n'a pas obtenu de libération conditionnelle, en raison de sa dangerosité. Pendant sa première peine, il a accumulé 11 rapports d'infraction graves. Il menaçait le personnel, s'est automutilé à neuf reprises et a tenté de se suicider deux fois. Les rapports psychologiques à son sujet font état de son impulsivité, de sa faible capacité d'attention et de concentration, de fantasmes sexuels déviants. Au bout du compte, en raison de circonstances exceptionnelles, le juge Zigman a estimé qu'il s'agissait d'un cas dans lequel il fallait excéder la peine de 15 ans habituellement imposée dans des cas similaires.