Un présumé cyberpédophile, Gabriel Cantin, est soupçonné d'avoir installé une caméra vidéo à la fenêtre de sa chambre à coucher pour filmer des enfants dans la cour d'une école primaire située en face de son duplex à Anjou.

Ce n'est pas la seule découverte que les enquêteurs du Module d'exploitation sexuelle des enfants à des fins commerciales du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) ont faite lorsqu'ils ont mené une perquisition chez l'homme de 71 ans. Le matin de son arrestation jeudi dernier, M. Cantin a été pris sur le fait en train de télécharger du nouveau matériel pornographique juvénile.

C'est l'un des trois dossiers, si ce n'est «le» dossier, avec la plus grande quantité de matériel pornographique juvénile saisie dans l'histoire de cette section d'enquête spécialisée. «L'accusé emmagasine des quantités faramineuses, écoeurantes de pornographie juvénile», a souligné le procureur de la Couronne, Steeve Larivière, qui s'opposait à la mise en liberté de l'accusé, vendredi, pour protéger la sécurité du public.

Gabriel Cantin est inculpé de cinq chefs d'accusation de possession, de production et de distribution de matériel de pornographie juvénile. Les faits qui lui sont reprochés se sont déroulés entre novembre 2009 et ce mois-ci.

Libéré sous conditions

Le juge Lucien Roy de la Cour du Québec a plutôt décidé de libérer l'accusé sous conditions, notamment parce qu'il n'avait pas d'antécédent judiciaire et qu'il n'était pas accusé d'avoir agressé les jeunes victimes dans les vidéos et les photos trouvées dans son ordinateur. La fille de l'accusé était présente dans la salle d'audience.

Les enquêteurs ont saisi pas moins de 43 disques durs au domicile de l'accusé, rue Châteauneuf à Anjou. Des cartes des parcs et des écoles du quartier étaient affichées sur les murs de chez lui.

Dans deux de ces disques durs, les enquêteurs ont découvert quelque 16 000 vidéos et 20 000 photos.  La police n'a pas encore analysé tous les fichiers. Les policiers ont visionné au hasard seize vidéos, en plus d'avoir regardé une centaine de photos. Tous montraient des «abus sexuels» commis à l'endroit d'enfants âgés de 8 à 16 ans ou encore des enfants et des adolescents prenant des poses explicites.

Plus troublant encore, a révélé l'enquêteur Brigitte Guérard du SPVM, une mini-caméra vidéo dissimulée dans une boîte de parfum installée dans la salle de bain aurait servi à filmer des enfants et des adultes à leur insu.

Gabriel Cantin, assistant ingénieur à la retraite, a affirmé que s'il avait autant de matériel informatique, c'est qu'il réparait les ordinateurs de ses proches. Pendant deux ans, il a fait du bénévolat dans une école auprès d'enfants de 8-9 ans qui avaient des difficultés à faire leurs devoirs. Lors de leur perquisition, les policiers ont constaté que des mots d'enfants étaient aussi collés sur les murs de la résidence. «Merci, monsieur Gaby, vous êtes gentil», a écrit l'un des enfants.

L'accusé a été longuement interrogé par les policiers. «Il a admis posséder plus de 100 000 images d'abus sexuels d'enfants. Il ne donne pas vraiment d'explications autres que, lorsqu'il trouve des photos d'enfants nus sur l'internet, il les garde parce qu'il trouve que c'est de l'art», a indiqué l'enquêteur Guérard. L'accusé a aussi admis avoir filmé des enfants dans la cour d'école ou marchant sur le trottoir en face de chez-lui de même que ses visiteuses lorsque ces dernières utilisaient la salle de bains.

L'avocate de l'accusé, Me Audrey Amzallag, s'est réjouie que son client soit remis en liberté. Ce dernier doit fournir un dépôt de 2000$, en plus d'un engagement personnel de 5000$. Il n'aura plus le droit de posséder un ordinateur et d'avoir accès à internet. Il ne pourra plus se trouver seul en présence de mineurs. Les policiers auront le droit de lui rendre visite chez lui pour vérifier qu'il respecte ces conditions. Il reviendra en cour le 16 mars.

Ce sont des informations reçues des autorités brésiliennes qui ont mené à l'arrestation de Gabriel Cantin. La police brésilienne a découvert que le matériel pornographique échangé sur un site web de partage de fichiers provenait d'une adresse IP provenant d'un serveur canadien. L'information a été transmise à la Gendarmerie royale du Canada, qui l'a relayée au Module d'exploitation sexuelle des enfants à des fins commerciales du SPVM.