Pour la troisième fois en quatre jours, une pizzéria de Montréal-Nord a été la cible d'un incendie criminel, dans la nuit de samedi à dimanche. Cette vague d'attentats commence à inquiéter sérieusement les résidants et les commerçants du quartier.

Peu avant 3h du matin, dimanche, le téléphone a sonné chez Jimmy Niktaris, propriétaire de la pizzéria Granada. Au bout du fil, un policier lui a annoncé que son restaurant était la proie des flammes.

«J'étais sous le choc, a dit M. Niktaris, rencontré dimanche matin devant les décombres de sa pizzéria. Et quand je suis arrivé sur place, mon coeur a failli arrêter de battre.»

Le feu a complètement ravagé le commerce, situé à l'angle des rues de Charleroi et Drapeau. Dimanche matin, seul le comptoir était encore reconnaissable à travers les vitrines fracassées. Le trottoir était encombré d'éclats de verre, de planches et de tables calcinées.

Des traces d'accélérant ont été découvertes à l'intérieur du local, ce qui laisse présager qu'un cocktail Molotov a explosé. Comme l'attentat a été commis après la fermeture du restaurant, personne n'a été blessé.

La pizzéria Granada est la troisième du secteur à être la cible d'un incendie criminel en l'espace de quelques jours. Dans la nuit de mardi à mercredi, deux autres pizzérias de la rue de Charleroi ont été visées.

Le lendemain de ces deux premiers attentats, M. Niktaris avait reçu la visite des enquêteurs du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM). Ces derniers l'avaient invité à communiquer avec eux s'il était témoin de quelque chose de suspect.

Comme les propriétaires des autres pizzérias, Jimmy Niktaris affirme n'avoir jamais été menacé ni même embêté par quelconque groupe criminel. «Tout ce que je souhaite, c'est faire rebâtir mon commerce et continuer à travailler comme avant», a-t-il conclu.

La Section des incendies criminels du SPVM a ouvert une enquête. Selon l'agent Yannick Paradis, porte-parole du SPVM, il est trop tôt pour formuler des hypothèses ou pour établir un lien entre les trois incendies.

Résidants inquiets

Les locataires qui habitent au-dessus de la pizzéria devront être temporairement relogés. L'un d'eux est allé chercher ses effets personnels, dimanche. Au passage, il a juré qu'il ne remettrait plus jamais les pieds à Montréal-Nord.

«C'est fini, a dit l'homme de 25 ans, qui a requis l'anonymat. Je m'en vais de ce quartier-là.»

Valérie Tremblay, 22 ans, et son copain Carl Huard, 23 ans, sont sortis de leur appartement en pleine nuit après avoir entendu les vitres de la pizzéria voler en éclats. Le couple prévoit aussi déménager le plus rapidement possible. «J'ai deux jeunes enfants, a dit Valérie Tremblay. Je n'ai pas envie de rester ici.»

Les commerçants du secteur ne sont guère plus rassurés. «C'est bizarre, très bizarre, a-t-il Nacer Bezah, propriétaire d'une pizzéria rue de Charleroi depuis deux ans. Personne ne sait ce qui se passe. Les policiers ont un grand défi à relever.»