«Dylan était un bon garçon. C'était un artiste.» Jamie Ford est bouleversée. Le 31 octobre dernier, son fils Dylan et deux de ses amis ont perdu la vie, fauchés par un train sous l'échangeur Turcot. Pour rendre hommage au jeune disparu, des dizaines d'amis membres de la famille ont tenu une vigile samedi soir devant la maison familiale, à Pointe-Claire.

«Nous étions très proches l'un de l'autre, souligne Jamie Ford. Récemment, j'étais à l'extérieur de la maison et nous nous envoyons dix messages textes par jour. Certains trouvaient que j'étais mère poule.» Mme Ford était aux États-Unis, pour l'enterrement de sa mère, lorsqu'elle a reçu un appel lui annonçant la terrible nouvelle. Son fils de 17 ans venait d'être happé mortellement par un train de passagers de Via Rail. Ses amis Mitchell Bracken-Guenet et Ricardo Conesa ont également perdu la vie. Deux autres ont été traités pour choc nerveux.

Les cinq jeunes étaient des graffiteurs. Dylan était connu dans le milieu sous le nom de Jays. Mary Scott, la mère d'une des meilleures amies de Dylan, a déjà accompagné ce dernier à l'endroit où est survenu l'accident. Elle indique qu'il s'agit d'un lieu de rassemblement pour plusieurs artistes graffiteurs. «Les artistes s'y rencontrent souvent pour discuter de leur projet», expose-t-elle. Elle déplore les jugements qui ont été faits à l'endroit de Dylan et de ses amis dans les médias et sur les forums de discussion. «Dylan n'était pas qu'un graffiteur. C'était un ami, c'était un fils, c'était un frère, c'était un artiste.»

Hier soir, des dizaines de chandelles se sont allumées devant la maison de l'avenue Pointe-Claire. Plusieurs amis venus lui rendre hommage s'étreignaient en versant des larmes. «C'était un gars simple, respectueux, qui ne cherchait pas les problèmes», affirme Charles Lemoyne, un ami. Le talent artistique de Dylan était sur toutes les lèvres. «Jays Funk est le king de Montréal, lance Joe, un de ses amis proches. Le plus jeune et selon tout le monde, le meilleur dans l'art du graffiti. Il est le king. That's it.» «Il sera là pour des décennies», ajoute un autre.

Fondation

Pour que le talent de Dylan ne soit pas oublié, Mary Scott a lancé la Fondation Dylan Ford, laquelle accordera des bourses à des jeunes qui souhaitent poursuivre des études en arts. La décision d'associer la bourse à une école n'a pas encore été prise. «Ce sera une bourse annuelle d'au moins 5000$», précise Mme Scott. Lors de la vigile, les chandelles étaient vendues au coût de cinq dollars afin d'amasser des fonds pour la fondation.

Sterling Downey, un graffiteur d'expérience connu sous le nom de Seaz et fondateur du festival de graffitis Under Pressure, souhaite pour sa part qu'une plus grande sensibilisation soit faite auprès de jeunes graffiteurs. «Ce n'est pas la première fois qu'un accident arrive et ce n'est pas la dernière fois, déplore-t-il. C'est ça qui est triste. Des trois millions investis à Montréal dans l'enlèvement des graffitis, combien vont dans la sensibilisation? Ce n'est pas la première fois que des gens meurent en faisant des graffitis. Ça fait 18 ans qu'il y a du graffiti qui se fait là et on n'en a jamais parlé. Il faut éduquer les jeunes. Et ce n'est pas en clôturant qu'on règle le problème. Il faut qu'on en parle.»