Une course à haute vitesse dans la nuit du 24 juillet 2010 dans Mont-Royal; l'inéluctable collision avec un arbre; trois passagères de 16 ans gravement blessées, dont deux restent lourdement handicapées. Depuis hier, on peut ajouter à ce triste bilan la mise en accusation du présumé responsable de ce drame, Laurent Raymond, âgé de 18 ans.

C'est en clopinant avec des béquilles que le jeune homme aux cheveux blonds s'est rendu devant le juge Pierre Labelle, hier matin, au palais de justice de Montréal. Il a été formellement accusé de course de rue, de négligence criminelle, de conduite dangereuse et de conduite avec facultés affaiblies ayant causé des blessures.

Assise à l'avant de la voiture, Evelyne Méthot a eu la cheville et le fémur broyés et a dû réapprendre à marcher. Mais elle n'a pas perdu connaissance et s'en tire mieux que celles qui étaient assises derrière: Claudia Di Iorio et Justine Rozon ont été plongées dans le coma et sont passées à un cheveu de la mort. La première a subi des fractures du bassin et du crâne et est en réadaptation. Justine Rozon a elle aussi eu le bassin fracturé, et ses organes internes ont subi un dur coup. Les médecins ont dû lui enlever presque tout l'intestin. Hospitalisée depuis l'accident, elle doit être nourrie par intraveineuse 10 heures par jour. Son état est irréversible. Pour améliorer sa situation, elle ne peut compter que sur un futur et hypothétique avancement de la science médicale, selon son père, François Rozon.

M. Rozon, producteur de spectacles et frère du fondateur du festival Juste pour rire, a entrepris avec les pères des deux autres jeunes filles une sorte de lobbying dans le but de faire changer la loi, qui est trop permissive pour les jeunes conducteurs, à leur avis. Au mois d'octobre dernier, les trois pères éprouvés avaient été invités à Tout le monde en parle pour livrer leur message: la vitesse, la jeunesse et l'alcool constituent un mélange explosif. M. Rozon ne comprend pas comment le jeune Raymond a pu conserver son permis de conduire jusqu'à hier.

Les adolescents revenaient apparemment d'une soirée avec d'autres élèves de leur école. Laurent Raymond aurait roulé à haute vitesse et fait la course avec un autre conducteur, Félix Bérard, qui fait lui aussi face à des accusations.

Laurent Raymond est en liberté en attendant la suite du processus judiciaire, mais il doit se plier à diverses conditions: il n'a pas le droit de conduire, ni de consommer de l'alcool, ni de communiquer avec Félix Bérard ou les victimes. Il sera de retour devant le tribunal le 4 février.