«Ça va bien, ça va bien. Merci et au revoir.»

De toute évidence, l'homme d'affaires qui s'est fait enlever lundi à Mont-Royal avait peu envie de raconter sa mésaventure lorsque La Presse l'a joint par téléphone, hier après-midi.

Reza Mohammad Tehrani-Cohen, 53 ans, aurait également été peu loquace avec les enquêteurs qui l'ont rencontré mardi soir, selon Yannick Paradis, porte-parole du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).

«Malgré tout, nous allons continuer d'enquêter par d'autres moyens», a dit l'agent Paradis. Hier soir, les policiers n'avaient encore arrêté personne dans cette nébuleuse affaire.

Reza Mohammad Tehrani-Cohen - mieux connu sous le nom de Reza Tehrani - a été enlevé lundi soir devant l'Institut technique Aviron, une école de métiers qui lui appartient. Vers 17h45, deux hommes qui se seraient fait passer pour des policiers l'ont forcé à monter à bord d'une Jeep volée.

Vingt-quatre heures plus tard, Reza Tehrani a appelé la Sûreté du Québec après avoir été libéré par ses ravisseurs près de Sainte-Anne-des-Lacs, dans les Laurentides. Il était en bonne santé.

Est-ce une tentative d'intimidation ou d'extorsion, ou encore un règlement de comptes? Selon Yannick Paradis, les enquêteurs ignoraient toujours les motifs de l'enlèvement, hier.

Selon des proches, Reza Tehrani, père de cinq enfants, se serait senti menacé au cours des dernières semaines. Il a été impossible hier d'en savoir plus.

Homme d'affaires prospère

En plus de l'Institut technique Aviron, Reza Tehrani détient plusieurs sociétés à numéro, notamment dans le secteur immobilier. Il est également l'actionnaire majoritaire de LR Print Sol, firme de distribution de produits chimiques située à Saint-Léonard.

Reza Tehrani possède un appartement d'une valeur de 750 000$ au centre-ville, et sa femme est inscrite comme propriétaire d'une maison évaluée à 1 million de dollars à Côte-Saint-Luc. Selon nos sources, on le voit souvent à bord d'une luxueuse voiture.

Reza Tehrani n'a pas de dossier criminel au Québec, mais il doit se présenter au tribunal le 16 novembre pour une accusation de fraude. L'an dernier, il a été acquitté d'une accusation de vol concernant Hydro-Québec.

Enfin, l'homme d'affaires d'origine libanaise est impliqué dans un litige avec l'Agence du revenu du Canada. Le gouvernement fédéral poursuit actuellement M. Tehrani et trois de ses entreprises pour plus de 4 millions de dollars d'impôts qui n'auraient pas été versés entre 2004 et 2008. Selon les documents produits devant la Cour fédérale, l'Agence du revenu du Canada le soupçonne de s'être approprié les fonds de certaines de ses entreprises.

Photo fournie par le SPVM

Reza Mohammad Tehrani-Cohen se préparait à grimper à bord de sa voiture, lorsque des hommes l'ont enlevé.