Le cas de l'adolescente incarcérée qui se serait étranglée dans une cellule d'isolation a pris une tournure inattendue alors qu'un rapport interne des Services correctionnels du Canada (SCC) révèle que cette mort serait un accident, et non un suicide.

Des extraits du rapport présenté à la cour démontrent la conclusion de la psychologue Margo Rivera selon laquelle Ashley Smith n'était pas suicidaire. Mme Rivera soutient que personne ne s'attendait à ce qu'elle meure, surtout pas la jeune fille elle-même.

L'adolescente âgée de 19 ans est morte dans une cellule d'isolation de l'établissement pour femmes Grand Valley, à Kitchener en Ontario, en octobre 2007.

Jusqu'à présent, le SCC a soutenu que Smith, originaire de Moncton au Nouveau-Brunswick, s'était suicidée en s'étranglant. Smith avait accusé le SCC de mauvais traitement, incluant des voies de faits, un manque de soins psychiatriques et de nombreux transferts entre les prisons et centres de traitement à travers le pays. L'avocat de la famille de Smith, Me Falconer, a déclaré qu'il était «tout simplement choquant» de constater que le SCC a choisi de contredire l'opinion de sa propre experte.

Les extraits du rapport, datant de décembre 2007, figurent dans la version préliminaire d'une déclaration dans le cadre d'une poursuite civile de 11 millions $, déposée par la famille de Smith contre le gouvernement fédéral. Le rapport servira de preuve documentaire dans une cour de Toronto lundi, alors que la famille de Smith tente d'élargir la portée de l'enquête du coroner pour qu'il s'attarde à la mort des adolescents. Les travaux du coroner devraient commencer en janvier prochain.

La psychologue explique dans le document, qui n'a jamais été rendu public, que Smith n'était pas suicidaire et que sa mort était plutôt un accident. L'adolescente est devenue de plus en plus déprimée après avoir été transférée à 17 reprises dans des prisons et d'autres centres. Elle ajoute que Smith avait répété aux employés de la prison qu'elle ne s'étranglait pas pour mourir. Mme Rivera indique que plusieurs d'entre eux se rappellent que Smith leur a dit: «Je ne vais pas mourir parce que c'est votre travail de me sauver».

Me Falconer a mentionné que la famille de Smith avait tenté à de nombreuses reprises d'obtenir le rapport, intitulé «C'est votre travail de me sauver» («It's Your Job To Save Me»). Ils ont entre autres reçu un document de 25 pages duquel 24 autres avaient été soustraites. «Il est évident que le message envoyé à la famille est que le gouvernement ne dirait pas la vérité à la mère de l'adolescente sur ce qui lui est arrivé et prendrait toutes les mesures possibles pour ne pas la révéler», a ajouté l'avocat.